Club toulousain In Vino Veritas
Savennières 1995-1997
Vendredi 5 novembre 2004
Dégustation préparée par Jacques Prandi et commentée par Christian Declume.
Ø Quelques commentaires de contexte :
- Les vins sont dégustés à l'aveugle, mais par millésime, du plus jeune au plus vieux et en terminant par les ½ secs.
- Les 3 bouteilles de la Coulée de Serrant ont été carafées la veille.
- Nombre de dégustateurs : dix sept.
- DS : Didier Sanchez - JP : Jacques Prandi – CD : Christian Declume.
Ø Ordre de dégustation :
Savennières secs :
1. Savennières : Domaine des Beaumard "Trie spéciale" 1997 :
DS15,5/16 - JP16 – CD15. Note moyenne du groupe : 15,5/16 - Prix : 23 €
- Robe jaune clair, brillant. Nez puissant. Senteurs particulières d’asperge, artichaut, poivre blanc avec du miel et de la poire.
- Bouche caractérisée par la minéralité et une sensation de fruit blanc (poire) persistante, grande droiture. L’ensemble donne une impression de jeunesse.
2. Savennières Roche-aux-Moines : Nicolas Joly "Clos de la Bergerie" 1997 :
DS15,5- JP14 – CD15. Note moyenne du groupe : 14 - Prix : 28 €
- La robe est vert très clair, plutôt terne. Au nez ce sont des impressions de minéralité, de rhum, de grillé, de marc de raisin et une sensation générale d’acidulé. On retrouve en bouche cette impression de rhum avec une impression de volume, de matière dense et une longueur correcte finissant sur la prune.
3. Savennières : Domaine des Beaumard "Clos du Papillon" 1997 :
DS14,5 – JP14,5 – CD14,5. Note moyenne du groupe : 14,5 - Prix : 18 €
- Robe très claire. Nez minéral et végétal, asperge. La bouche est plutôt sèche, sensation de minéralité et d'agrume frais avec une pointe de chaleur alcoolique en finale.
4. La Coulée de Serrant 1997 :
DS15,5 – JP11 – CD16. Note moyenne du groupe : 13 - Prix : 42 €
- Robe jaune soutenu. Au nez, odeur de fromage grillé, noix, oxydation, champignons, puis prune à l’eau de vie et marc de raisin. La bouche est concentrée avec une dominante de prune à l’eau de vie, marc de raisin et une bonne longueur finale sur la pomme au four. Pas de minéralité en bouche. Vin original, concentré par rapport aux précédents mais sans doute déjà en déclin (oxydation).
5. Savennières Roche-aux-Moines : Château de Chamboureau (Soulez) "Cuvée d'Avant" 1997 :
DS15,5/16 – JP15 – CD16. Note moyenne du groupe : 15 - Prix : 19 €
- Robe jaune foncé avec une certaine épaisseur. Au nez, parfums de pomme au four, marc de raisin, verveine, impression de surmaturité avec une pointe d’oxydation. La bouche est puissante. On note des saveurs de coing et miellées. Bonne longueur sur le marc de raisin.
6. Savennières : Domaine des Beaumard 1996 :
DS16 – JP16 – CD16. Note moyenne du groupe : 15,5/16 - Prix : 17 €
- Nez de tilleul, pâtisserie, sucre d’orge, complexe, intense. La bouche rappelle les prunes à l’eau de vie, le marc de raisin. On retrouve une saveur minérale agréable. L’ensemble est persistant en bouche. Excellent équilibre et grand vin de garde.
7 Savennières Roche-aux-Moines : Château de Chamboureau (Soulez) Cuvée d'Avant 1996 :
DS16,5 – JP17 – CD14,5. Note moyenne du groupe : 16,5/17 - Prix : 19 €
- Reflets verts, le nez est complexe avec du végétal (angélique, tilleur), une grosse minéralité et des senteurs crémeuses, la bouche est droite, tendu, minérale mais mûre. Grande longueur et superbe équilibre, très jeune.
8. La Coulée de Serrant 1996 :
DS16,5 – JP15 – CD17. Note moyenne du groupe : 15 - Prix : 40 €
- Le nez est curieux : odeurs de cire, fumée, une pointe de goudron (pétrole ?). La bouche est très concentrée, avec des sensations de kumquat confit, eau de vie, longue persistance en finale avec une pointe d’amertume. Ce vin se caractérise par une impression de grande puissance.
9. Savennières : Domaine des Beaumard "Clos du Papillon" 1996 :
DS15,5 – JP15,5 – CD15,5. Note moyenne du groupe : 15,5 - Prix : 17 €
- Robe claire. Nez caractéristique de marc de raisin, coing, pomme. L’ensemble est à la fois fin et puissant. En bouche sensations de fraîcheur, artichaut. Impression de puissance. Bonne persistance.
10. Savennières Roche-aux-Moines : Nicolas Joly "Clos de la Bergerie" 1996 :
DS16 – JP16,5 – CD15. Note moyenne du groupe : 16,5 - Prix : 18 €
- Robe brillante, jaune clair avec des reflets verts. Le nez est minéral avec un parfum d'agrume et une sensation de fraîcheur. On retrouve aussi un aspect brulé. En bouche, toujours de la fraîcheur, s’y ajoutent des saveurs de coing, poire, tilleul. En finale on a une bonne persistance sur une impression de minéralité et sur des saveurs de fruits blancs.
11. Savennières : Domaine de la Monnaie (Eric Morgat) "L'Enclos" 1995 :
DS12 – JP12,5 – CD13. Note moyenne du groupe : 12 - Prix : 15 €
- Robe brillante couleur or. Nez simple et peu expressif, poire, pomme verte, pétrole. En bouche saveurs acide, finale sur la pomme. Ce vin manque de complexité, reste dur, dépare dans la série des dégustations précédentes.
12. Savennières : Domaine du Closel 1995 :
DS13,5 – JP13 – CD13,5. Note moyenne du groupe : 12,5 - Prix : 15 €
- Robe claire, lourde. Nez de champignons, fromage, asperge et un peu de marc de raisin. En bouche c’est l'acidité qui domine. Là aussi vin simple par rapport aux précédents.
13. La Coulée de Serrant 1995 :
DS15 – JP15 – CD15. Note moyenne du groupe : 14,5/15 - Prix : 39 €
- Robe soutenue, vieux jaune, brillante. Le nez se caractérise par des odeurs de cire, caramel, marc de raisin et une trace d’oxydation. En bouche c’est à nouveau les agrumes, la prune, le sucre d’orge. La finale est sur le fruit avec une bonne persistance.
14. Savennières : Pierre Bize "Clos de Coulaine"1995 :
DS14 – JP14 – CD14. Note moyenne du groupe : 13,5 - Prix : 13 €
- Robe jaune clair. Le nez est fin, avec des parfums de pomme cuite et d’asperge. En bouche ce vin pétille légèrement, sensation de pamplemousse et légère amertume. Dans l’ensemble assez décevant.
Savennières 1/2 secs :
15. Savennières : Château de Chamboureau (Soulez) "Clos du Papillon Cuvée d'Avant moelleux" 1997 :
DS12 – JP13 – CD13,5. Note moyenne du groupe : 12,5 Prix : 18 €
- Robe pale, jaune clair avec des reflets verts. Au nez on retrouve une impression de fruit assez lointaine, cire et miel. La bouche est simple avec une saveur sucrée et un peu d’amertume. L’ensemble donne un vin plutôt simple, creux, pauvre.
16 Savennières : Château de Chamboureau (Soulez) "Clos du Papillon Cuvée d'Avant moelleux " 1996 :
DS13,5 – JP13,5 – CD14. Note moyenne du groupe : 13 - Prix : 18 €
- Robe plus jaune et visqueuse que la précédente. Le nez est sur le marc de raisin, le citron avec un peu de boisé. En bouche impression de maturité avec de la fraîcheur, de la minéralité, saveur de citron. Vin plutôt équilibré mais assez pauvre.
Conclusion :
- Dégustation de très bon niveau avec des vins de terroirs, originaux qui ne laissent pas indifférents. Nous n'avons pas arrêté de parler d'accords culinaires !
- Belles complexités aromatiques tant au nez qu'en bouche, de belles finales, que demander de plus ?
- Le millésime 96 écrase le 97 et 95 par sa droiture, sa minéralité et sa fraîcheur : de très grands vins de garde. Le 97 est marqué par la surmaturité qui donne des vins certes concentrés mais manquant parfois de nerf et le 95 est une grande déception. Pourquoi est-il annoncé comme grand millésime en Loire ?
- Dans 15 jours, nous goûterons des vins plus anciens.
Au douzième siècle, les moines de Savennières implantèrent le chenin blanc, cépage traditionnel angevin, en bordure de la Loire, sur un coteau de schiste jouissant d'un microclimat exceptionnel.
A quelques kilomètres à l'ouest d'Angers, l'aire de production de l'appellation Savennières créée en 1952 ne couvre que quelques coteaux en bordure de la Loire (80 hectares), sur sa rive nord.
Comme en cote d’or, Savennières à ses clos, même si l’extension du vignoble en a en partie détruit les murs : le plus connu étant le clos de la coulée de Serrant, mais aussi le clos du papillon, le clos des perrières, le clos de la bergerie, le clos de la goutte d’or.
Les Savennières sont des vins blancs secs (quelques rares moelleux) qui demandent quelques années de cave pour donner tout leur potentiel. Ce ne sont pas toujours des vins d'approche facile, du fait d'une certaine austérité
Production environ 2000 hectolitres
Sur les 3 AOC Savennières, deux lieux-dits ont leur propre AOC
Le "1er cru" Roche aux Moines.
Seulement trois domaines se partagent « Savennières roche aux moines » (19 ha).
Orientation des coteaux : Sud, Sud-Est.
La Coulée-de-Serrant (7 ha) ne s'applique qu'au seul domaine du même nom, célèbre domaine dirigé par Nicolas Joly, grand adepte de la biodynamie
Cépages et terroirs :
Exclusivement du chenin blanc, cépage traditionnel en Anjou mais qui trouve à Savennières une expression très particulière. Sur un sol schisteux au bord de la Loire, la vigne bénéficie d'une sorte de micro-climat très localisé créé par la proximité du fleuve qui adoucie les températures dans une zone assez sèche.
Que manger ?
Le Savennières peut se boire à l'apéritif. Néanmoins, il fera honneur à des plats "de prestige" : Homard, langouste, poissons ou viandes blanches.
LA COULEE DE SERRANT
7 ha de chenin plantés sur la rive Nord de la Loire sur 2 coteaux exposés plein sud, cultivées en partie à la main et au cheval du fait de la raideur des pentes qui surplombe la Loire.
Après une introduction progressive, le vignoble, depuis 1985, est entièrement cultivé en biodynamie, excluant toute utilisation d'engrais chimiques
Les bois de vignes replantés depuis cinq ans viennent des plus vieilles vignes de la Coulée du Serrant. L'âge moyen des vignes est de trente ans.
C'est un vin de garde qui n'atteint son apogée souvent qu'après 10 ou 15 ans, parfois plus.
Un peu de soufre et de bouillie bordelaise (cuivre et chaux) sont utilisés chaque année (15/20 kg. de bouillie environ/hectare, dont 3 kg de cuivre). Le soufre est un apport bénéfique au moment de la floraison de la vigne. Le cuivre est limité car il freine la vie du sol.
Pas de débourbage: pourquoi enlever la lie? Avec une agriculture en biodynamie la mauvaise pourriture est très rare. La lie contient beaucoup d'éléments vivants nécessaires au bon déroulement des fermentations.
Pas de passage au froid Cette technique qui permet d'enlever le tartre et de baisser l'acidité du vin, n'est, de l’avis de Nicolas JOLLY, pas souhaitable.
Pas de relevurage: en agriculture biodynamique, les levures sont très nombreuses et très différentes chaque année; elles renforcent la typicité de chaque millésime.
Pas de collage: La clarification se fait naturellement en barrique par sédimentation.
Pas de contrôle de température pour les fermentations:
Très peu de bois neuf: 3 à 4% chaque année des barriques sont renouvelées.
Multiplication des soutirages, c'est un apport d'oxygène.
Les vins issus de l'agriculture biodynamique ne craignent pas l'oxydation mais la réduction (goût de mercaptan (odeur fétide) dû à un manque d'oxygène).
Le vin issu d'un raisin bien né, avec une agriculture très saine, est longtemps amélioré par l'oxydation, avant d'en souffrir. Dans une bouteille à moitié pleine et rebouchée, les vins sont souvent meilleurs après trois à quatre jours.
A chaque soutirage, un petit sulfitage de 2 gr. est apporté. Il est possible de faire un vin sans soufre mais il risque de mal voyager
Sucres réducteurs: les vins ont en général moins de 2gr. de sucres réducteurs.
Les acidités sont autour 4.5 à 4.8 de PH.
Les filtrations sont très lâches quand le vin est sec (préfiltration).