Club toulousain In Vino Veritas

1ére verticale de Las Cases 2éme cru classé en Saint Julien.

Vendredi 28 janvier 2005

 

 

Dégustation préparée par Didier Sanchez et commentée par  Miguel Sennoun.

 

Ø      Quelques commentaires de contexte :

-          Les vins ne sont pas dégustés à l'aveugle.

-          Nombre de dégustateurs : 17

-          DS : Didier Sanchez - MS : Miguel Sennoun.

 

 

Ø      Les vins :

1. Léoville Las Cases 2001 :

DS17 - MS17. Note moyenne du groupe : 16,5 - Prix : 45 €

-          La robe est très belle, brillante, profonde et sombre.

-          Nez épicé mais encore fermé et sur la réserve. Il ne présente pas les notes de goudron et de fumée qu’on retrouvera sur d’autres millésimes, mais laisse présager un grand vin en devenir.

-          En bouche, une explosion de  fruits rouges murs sur un très beau volume. Superbe longueur et finale qui laisse percevoir des tanins extrêmement fins.

Une acidité qui se ferait peut être légèrement trop discrète s’il fallait lui trouver un défaut, mais il est vraiment bon aujourd’hui et sera encore bien meilleur demain. Une grande réussite dans le contexte du millésime.

 

2. Léoville Las Cases 2000 :

DS18/18,5 - MS19. Note moyenne du groupe : 18 - Prix : 145 €

-          Robe d'une encre violacée.

-          Nez explosif, en puissance traduisant une maturité exceptionnelle. Des notes de café et de cassis sont relevées de même que quelques marques de l’élevage, trahies par des notes vanillées. Lui aussi est encore fermé et livre peu sa complexité mais nous avons une grande confiance pour son avenir compte tenu de la concentration du vin.

-          Longueur et volume exceptionnels en bouche, structure sans défauts. Un équilibre parfait et une fraîcheur inouïe. Les tanins sont soyeux et d’une finesse rare, le boisé étant parfaitement intégré.

Ce vin fait vraiment figure d’extra-terrestre. Tellement différent des autres millésimes, il est parfait aujourd’hui et ne donne pas l’impression de pouvoir un jour connaître une phase de fermeture. C'est un mélange de 1990 pour la gourmandise, la maturité et la concentration et de 1996 pour la fraîcheur et la tension. La réputation du millésime 2000 n'est pas surfaite !

 

3. Léoville Las Cases 1999 :

DS15,5 - MS14,5. Note moyenne du groupe : 15,5 - Prix : 61 €

-          La robe est sombre.

-          Nez  assez puissant sur des arômes primaires et légèrement marqués par un côté végétal, ce premier nez masque une jolie touche de réglisse et de goudron.

-          La bouche n'est pas d’une grande longueur, il est assez gourmand maintenant malgré la légère amertume/verdeur qui hante sa finale. Manquant de fond et de profondeur, il semble avoir été récolté en sous maturité.

1999 ne semble pas être la grande réussite du château relativement aux autres millésimes dégustés ce soir, il semble moins mur que le 1997 et n’est peut-être pas destiné à vieillir plusieurs décennies. Compte tenu du pedigree, nous sommes déçu.

 

4. Léoville Las Cases 1998 :

DS17/17,5 - MS16. Note moyenne du groupe : 16,5 - Prix : 68 €

-          Robe sombre et brillante le vin semble épais et riche en glycérol.

-          Au nez on retrouve des notes de goudron et de fumée, se livrant peu mais étant tout de même un peu plus expressif que le 97. Des notes de café sont aussi repérées.

-          La bouche est élégante et juteuse, mais tout de même assez classique par sa tension. Très belle acidité et tanins très fins. La finale est longue et on peut y retrouver les parfums suggérés par le nez. Très légère dureté dans le milieu de bouche qui signe le millésime 98.

Beau vin sur la finesse et le classicisme qui vieillira bien. Un style assez proche des Pauillac sans avoir cependant la puissance des plus grands.

 

5. Léoville Las Cases 1997 :

DS16 - MS15. Note moyenne du groupe : 15,5 - Prix : 70 €

-          Robe qui commence à évoluer, un peu mate et terne.

-          Nez tout d’abord peu complexe et un peu massif, arômes de goudron et de tabac qui restent dans le verre même après l’avoir vidé. Il s’ouvre à la fin de la soirée après s’être réchauffé et aéré.

-          La bouche est d'un volume moyen, très peu d’acidité mais les tanins sont d’une très belle qualité bien qu’ils conduisent à une finale un peu amère.

Aux premiers abords ce 1997 ne livre pas encore de plaisir immédiat et semble trop jeune. Il a un côté un peu monolithique et l’austérité des vins trop jeunes. Il prouve cependant qu’il pourra devenir meilleur en dévoilant un très beau vin en fin de dégustation, d'une grande gourmandise et d'une classe folle. Une très belle réussite dans le contexte de ce millésime 1997 qui a accouché de vins plutôt tendre et de petite garde.

 

6. Léoville Las Cases 1996 :

DS18,5/19 - MS19. Note moyenne du groupe : 18,5 - Prix : 115 €

-          Robe très jeune et presque noire, opaque, profonde.

-          Nez superlatif de cassis, cèdre, épices, tabac blond et de cuir avec des touches de graphite. Complexité absolue. Et ce n'est que le début !

-          Bouche fruitée, intense, pleine avec des notes d’orange.  Fraîcheur, puissance, volume et longueur folle. Un vrai monument car la présence en bouche est rare.

L’équilibre et la grande classe se combinent dans ce vin qui n’est qu’au début de sa très longue carrière. Exceptionnel sur un style résolument différent du 2000.

 

7. Léoville Las Cases 1995 :

DS17,5+ - MS18,5. Note moyenne du groupe : 17,5+ - Prix : 95 €

-          La robe est jeune et brillante, sombre.

-          Nez envoûtant sur des notes de mûres et de fruits noirs. Le tabac et le goudron sont aussi présents. Belle complexité, un poil moins puissant que le 1996. Peut-être encore quelques marques du bois mais tendant à disparaître.

-          En bouche on retrouve toujours une superbe matière, pleine, puissante et très complexe. Un peu toastée et grillée. Longueur impressionnante.

Encore une très belle réussite, ce 1995 est racé et corsé. Un très grand vin qui devra encore digérer son élevage mais déjà plus qu’agréable à boire.

 

8. Léoville Las Cases 1994 :

DS16,5 - MS16,5. Note moyenne du groupe : 16,5/17 - Prix : 56 €

-          La robe laisse apparaître quelques traces d’évolution.

-          Le nez est étroit, sur des notes d’herbes sèches et de paille. Un côté mentholé lui apporte une touche de fraîcheur. Donne l'impression d'une très forte proportion de cabernets sauvignon en limite de maturité.

-          Attaque de bouche mure et ronde. Belle fraîcheur. Assez longue et sans creux. Les tanins sont assez discrets et ne sèchent pas.

Le 1994 n’a pas le gras et la maturité parfaite des grands millésimes, mais il est tout de même une grande réussite pour l’année. A boire dés à présent et pendant quelques années encore.

 

9. Léoville Las Cases 1993 :

DS15,5 - MS15,5. Note moyenne du groupe : 15,5/16 - Prix : 55 €

-          La robe présente des bords évolués mais sombre au centre.

-          Au nez des notes de cèdre, de réglisse et de tabac avec une touche de fraîcheur mentholée. Un nez qui se livre.

-          Bouche soyeuse malgré la présence de tanins un peu moins fin que d'habitude. Côté légèrement végétal du cabernet pas assez mur mais jolie finale corsée.

Il semble à son apogée aujourd’hui, et paraît surmonter avec panache les défauts inhérents au millésime.

 

10. Léoville Las Cases 1992 :

DS15,5 -MS14. Note moyenne du groupe : 15,5 - Prix : 39 €

-          Robe grenat sombre tendance à l'évolution

-          Nez de poivrons, acceptable pour certains, marais salants et vieux coquillage rédhibitoire pour d’autres, il partage un peu l’assemblée. Il a tout de même un côté viandé et assez peu plaisant.

-          En bouche bel équilibre et inattendue finesse, il offre une longueur plus que correcte. Sa structure acide lui retire la lourdeur qu’auraient pu apporter les touches chaudes et alcooleuses que l’on ressent. Les tanins sont peu nombreux mais légèrement rêches.

Vin qui semble avoir dépassé son apogée et être sur le déclin. Sa bouche est somme toute une très bonne surprise et lui apporte une note correcte malgré ses défauts.

 

 

Conclusion :

-          L’ordre des vins commentés a volontairement été replacé chronologiquement dans un souci de simplicité pour la lecture. L’ordre réel (bien choisi) lors de la dégustation était :

-          1997, 1998, 1999, 2001, 2000 pour une série vins "jeunes".

-          1991, 1992, 1993, 1994, 1995, 1996 pour une série vins "moins jeunes".

-          Très belle dégustation qui nous a permis de suivre dans les millésimes "récents" un château qui talonne les premiers. Las Cases montre comment le terroir, le travail et la sélection – "le savoir-faire" aussi peut-être - permettent de ne pas faire mauvais malgré les aléas des millésimes.

-          Trompés par un contexte climatique exceptionnel à Toulouse (températures glaciales et neige), nous avons trouvé les vins très frais -pourtant servi à température classique pour des bordeaux-, et constaté qu’ils étaient bien plus expressifs en se réchauffant dans les verres.

-          A suivre le 11 février par les millésimes 1991 à 1979 et le 4 mars par les millésimes 1978 à 1945…