Club toulousain In Vino Veritas

2ème verticale de Las Cases 2éme cru classé en Saint Julien : 1991-1979.

Vendredi 11 février 2005

 

 

Dégustation préparée par Didier Sanchez et commentée par  Miguel Sennoun.

 

Ø      Quelques commentaires de contexte :

-          Nous continuons la dégustation entamée le 28 janvier 2005 par les millésimes 2001 à 1992.

-          Les vins ne sont pas dégustés à l'aveugle et sont servi dans l'ordre des millésimes.

-          Nombre de dégustateurs : Dix huit.

-          DS : Didier Sanchez - MS : Miguel Sennoun - PC : Pierre Citerne – JP : Jacques Prandi.

 

 

Ø      Ordre de dégustation :

1. Léoville Las Cases 1991 :

DS14,5 - MS14,5 - PC13,5 -JP14. Note moyenne du groupe : 14 - Prix : 53 €

Niveau : haut goulot.

-          Robe évoluée sur le disque.

-          Au nez, épices et réglisse se mêlent discrètement aux odeurs nobles de cèdre, cependant le bois de l’élevage est encore présent.

-          La bouche malheureusement ne suit pas. Elle pâtit d’un creux en milieu de bouche et d’une finale courte et trop sévère, limite asséchante, et exhibe une chaleur alcoolique gênante.

Ce vin semble avoir souffert d’un élevage un poil trop ambitieux face à une matière étriquée et verte. Toutefois, certains lui reconnaissent une qualité rétro olfactive de classe.

 

2. Léoville Las Cases 1990 :

DS16,5 - MS16 - PC16 - JP16. Note moyenne du groupe : 16 - Prix : 115 €

Niveau : haut goulot.

-          Robe qui présente une légère évolution sur les bords.

-          Le nez, assez puissant nous semble un peu diffus et peu précis. Il offre des notes de goudron et de fruits noirs, ainsi qu’un côté mentholé et frais.

-          En bouche, le fruit est frais et la chair est fine et soyeuse. Ce n’est pas un vin opulent mais la longueur est correcte. On lui reprochera quand même un manque de franchise de l’attaque et du milieu de bouche ainsi qu’un manque d’acidité.

Il parait encore fermé et pas idéalement structuré. Mais s’il n’a rien pour déplaire (aucune agressivité, aucune aspérité), il n’offre pas assez de plaisir et de magie pour être excellent. A attendre encore quelques années en espérant (sans trop y croire) une bonne surprise ? Une grosse déception dans le contexte du millésime et cela n'est pas la 1ére fois…

 

3. Léoville Las Cases 1989 :

DS17,5 - MS17,5/18 - PC17,5 - JP17,5. Note moyenne du groupe : 17,5 - Prix : 103 €

Niveau : mi goulot.

-          Robe grenat assez jeune.

-          Nez expressif et d’une précision remarquable. Une sensation de saveurs confites rappelle un pot de mélasse tandis que fumée et zan dominent l’ensemble.

-          Très belle attaque, et profondeur du fruit intense. La structure se tient du début à la fin, et bien que la longueur ne soit pas exceptionnelle le plaisir procuré et la gourmandise sont énormes.

Le 89 présente une structure et une précision des arômes supérieures au 90. La matière est bien mature. Il a encore beaucoup de potentiel et semble très jeune.

 

4. Léoville Las Cases 1988 :

DS18 - MS18 - PC18- JP18. Note moyenne du groupe : 17 - Prix : 80 €

Niveau : haut goulot.

-          Robe jeune

-          Superbe nez sur le tabac, le lard fumé et les cendres. Noblesse et précision aromatiques sont impressionnantes.

-          La bouche est constante et extrêmement longue. Elle est juteuse et le volume est énorme. Les tannins sont encore présents, d'excellente qualité et réclament encore du temps pour se fondre.  Mais quelle classe et quel beau toucher de bouche !

Moins charmeur que les 89 et 90 de par ses tannins encore jeunes, la qualité du vin est évidente et son avenir radieux. A attendre. Un vin très typé Médoc.

 

5. Léoville Las Cases 1986 :

DS18,5/19 - MS18,5 - PC18,5 - JP18,5. Note moyenne du groupe : 18 - Prix : 120 €

Niveau : haut goulot.

-          Robe très jeune.

-          On passe un cap quant à la noblesse des arômes. Le nez est tout bonnement d’une précision diabolique. Encre de chine, menthe et fond légèrement poivré, sa puissance et sa minéralité le rendent époustouflant. 

-          La bouche est d’un équilibre optimum et la fraîcheur est incroyable, tandis que les tannins se font habilement oublier.

Très bel exercice que ce 86. Sa bouche est un peu moins puissante que le 88 mais si soyeuse et équilibrée qu’il fait l’unanimité. Un vin proche du 96 dans l’esprit.  Il donne l'impression de planer, d'être en apesanteur dans la bouche, sensation très rare…

 

6. Léoville Las Cases 1985 :

DS17 - MS16,5/17 – PC16 - JP16,5. Note moyenne du groupe : 17 - Prix : 85 €

Niveau : bas goulot.

-          La robe est la plus jeune de la dégustation.

-          Nez enrobé de pâtisserie avec des notes de fruits rouges. On y sent encore un peu de bois.

-          Bouche toute en rondeur, un brin corsée et poivrée. Plutôt discrète après ses prédécesseurs elle donne tout de même l’impression d’un vin bien fait.

Vin plutôt agréable et bien fait qui manque cependant d’émotion. Il soufre sans doute de son passage après une si belle série.

 

7. Léoville Las Cases 1983 :

DS14,5 - MS15,5 - PC15 - JP14,5. Note moyenne du groupe : 15 - Prix : 45 €

Niveau : mi goulot.

-          Robe un peu tuilée et pas très nette.

-          Le nez semble fuyant et fragile à l’aération et l’expression des arômes n’est pas très flatteuse. Il dévoile des notes de café, de cuir et de sauce soja, sur un fond mentholé.

-          La bouche manque un peu de chair, mais les tannins sont fondus et soyeux.

C’est le premier vin de la verticale à tendre vers des arômes tertiaires. Son goût est agréable, mais la matière trop légère.

 

8. Léoville Las Cases 1982 :

DS15,5/16? – MS17.5 - PC16 - JP17. Note moyenne du groupe : 16,5 - Prix : 210 €

Niveau : bas goulot.

-          Robe légèrement évoluée mais encore sombre.

-          1ér nez "liégeux" ou assimilé qui disparaît rapidement. Puis, nez puissant et dominateur d’encre et de lard fumé avec un fruit presque compoté.

-          En bouche la matière est ample et très longue. Chocolat noir et mûre ressortent sur une finale corsée avec une belle trame acide. La bouche est cependant un peu chaude et il y a un petit manque de cohérence de la structure par rapport à la matière.

Un vin qui partage beaucoup les dégustateurs qui n’apprécient pas tous son caractère un peu franc. Certains le trouvent simple, pauvre en arômes de bouche, donc encore une deuxième déception dans le contexte du millésime.

 

9. Léoville Las Cases 1981 :

DS16 - MS17 - PC17 - JP16,5. Note moyenne du groupe : 16 - Prix : 51 €

Niveau : bas goulot.

-          Robe tendant vers le tuilé

-          Parfums tertiaires viandés et sur les champignons

-          La bouche a beaucoup d’élégance et de classe. Elle est juteuse et légèrement acidulée. Les tannins sont parfaitement fondus et le fruit est en dentelle.

Beaucoup plus de classe que le 83, ce vin est une belle réussite. Il est parfait aujourd’hui.

 

10. Léoville Las Cases 1979 :

DS13 - MS13,5 - PC13,5 - JP13. Note moyenne du groupe : 13,5 - Prix : 60 €

Niveau : Mi goulot.

-          Robe sombre et peu évoluée.

-          Le nez s’étend sur des parfums terreux et d’humus.

-          La bouche est fatiguée et appuie le côté terreux. Elle est un peu dissociée.

Le vin est sur le déclin. A finir… il y a quelques années.

 

Conclusion :

-          Dégustation de vins qui commencent à être à maturité. Le bois est dans la plupart des cas fondu et parfaitement intégré (sauf 91 et 85). Certaines années exhibent des tannins, d’une très belle qualité, mais qui pourraient encore se fondre.

-          Difficile de conclure quant au niveau moyen des vins cependant il y a fort à parier qu’un millésime comme 90 ne pourrait plus être décevant avec la tenue actuelle du domaine. Et si cette décennie a eu son lot de grands vins, aucun n’est arrivé au niveau de l’excellence du 96.

-          Les proportions des cépages constituant chaque millésime auraient peut-être pu nous permettre de tirer quelques conclusions supplémentaires non dénuées d’intérêt, mais le domaine semble malheureusement vouloir garder le secret malgré nos demandes réitérées.

-          Globalement, le niveau moyen de cette 2éme verticale est inférieur à la 1ére sur les vins plus récents. Les vins semblent moins bien faits, plus approximatifs et légèrement moins aboutis. Quelles conclusions en tirer ?

  1. Nous savons qu'à partir années 90, le prix de vente doublant voire triplant, le choix de la quantité de vin dans la 2éme étiquette est devenu moins douloureux pour les propriétaires…
  2. Les progrès œnologiques, le choix des dates de vendanges, les vendanges vertes, une meilleure sélection, etc…

-          Il nous reste maintenant à nous plonger dans les abîmes du passé afin de savoir si les vieux millésimes, dans les années exceptionnelles de bordeaux tiennent la route et la distance. Ce sera chose faite le vendredi 4 mars lorsque nous nous immergerons dans les années 70, 60, 50 et 40.