Club toulousain In Vino Veritas

3ème verticale de Las Cases 2éme cru classé en Saint Julien : 1987-1945.

Vendredi 04 mars 2005

 

 

Dégustation préparée par Didier Sanchez et commentée par  Miguel Sennoun.

 

Ø      Quelques commentaires de contexte :

-          Les vins ne sont pas dégustés à l'aveugle et sont servi dans l'ordre des millésimes.

-          Tous les bouchons portent la mention : Château Marquis de Las Cases Léoville Médoc Appellation Saint Julien contrôlé. Mis en bouteille au château. Sauf pour le 55 qui est une mise négoce.

-          Les vins proviennent tous de vente aux enchères (Idealwine et ebay). Ils sont en cave depuis + de 3 mois et ont été mis debout depuis 15 jours. Ils sont décantés en carafe juste au moment du service.

-          Nombre de dégustateurs : Dix-sept.

-          DS : Didier Sanchez - MS : Miguel Sennoun - PC : Pierre Citerne.

 

 

Ø      Ordre de dégustation :

1. Léoville Las Cases 1987 :

DS15,5 - MS15 - PC15/15,5. Note moyenne du groupe : 15 - Prix : 57 €

Niveau : mi goulot. Bouchon parfait.

-          Robe légèrement évoluée.

-          Beau nez sur le cèdre et le tabac, très encourageant pour le millésime. Quelques touches de poivre et du caoutchouc se font aussi sentir. Ce nez laisse l’impression d’une vendange de belle maturité.

-          La bouche est souple et un poil trop acide en rapport à la matière. La finale est courte le jus manque de fruit. Les tannins sont imperceptibles.

La discrétion des tannins en fait un vin facile, et la bouche fluette trahit des signes de dilution. C’est toutefois une bonne surprise pour le millésime.

 

2. Léoville Las Cases 1980 :

DS13,5 - MS12,5 - PC12. Note moyenne du groupe : 13,5 - Prix : 67 €

Niveau : bas goulot. Bouchon parfait.

-          Robe évoluée.

-          Le nez est d’abord sur le tabac et la fumée. Il a un côté un peu confituré et lourd et évolue malheureusement vers des notes poussiéreuses.

-          L’acidité en bouche est très présente mais dissociée, particulièrement sur l’attaque. Elle finit par retomber en même temps que les aromes dès le milieu de bouche, laissant place à une finale étriquée et courte.

Dissocié et dépouillé de son fruit, il est passé.

 

3. Léoville Las Cases 1978 :

DS16/15,5 - MS16 - PC15,5/16. Note moyenne du groupe : 15 - Prix : 110 €

Niveau : mi goulot. Bouchon parfait.

-          Robe encore jolie et qui ne fait pas son age.

-          Au nez un fruité assez flatteur (cerises, cassis) est accompagné de touches fumées limite brûlées. La complexité contraste avec les deux premiers vins de la série.

-          La bouche est serrée dans un style Pauillac. Une pincée d’amertume sur la finale en fait un vin assez difficile pour une partie du groupe, tandis que les autres lui reprochent un manque d’éclat sur la deuxième moitié de bouche.

Ce 78 semble être un rescapé des premières séries. Il fait très jeune mais ne nous donne pourtant pas l’impression de pouvoir s’améliorer en vieillissant plus.

 

4. Léoville Las Cases 1975 :

DS16,5/17 - MS17,5 - PC17,5. Note moyenne du groupe : 17 - Prix : 93 €

Niveau : bas goulot. Bouchon parfait.

-          Robe encore bien sombre.

-          Très beau nez racé et éclatant sur des notes de camphre, de menthol, de pansement et d’anis.

-          Bouche d’une belle profondeur, mure et juteuse. Tannins parfaitement intégrés. La matière, l’équilibre et la race sont au rendez vous. A l’instar du 78 il est très typé Pauillac; il présente cependant une matière bien plus séveuse et concentrée.

Très beau style pour ce 75 qui atteint son apogée mais qui a encore une longue carrière devant lui.

 

5. Léoville Las Cases 1970 :

DS15,5 - MS14,5 - PC13. Note moyenne du groupe : 15,5 - Prix : 88,50 €

Niveau : Bas-goulot/Haute épaule. Bouchon très sec et qui pue.

-          Robe bien conservée et encore sombre

-          Nez typique pour Las Cases sur le tabac, la fumée, et le menthol. Aucune évolution vers des notes tertiaires, mais présence discrète d’acidité volatile.

-          Belle longueur pour la bouche qui semble perdre son fruit (mandarine). L’acidité diverge un peu, cependant certains lui trouvent un côté vieil Hermitage et apprécient le style.

Le vin décline doucement et commence à se dissocier. A boire.

 

6. Léoville Las Cases 1966 :

DS17,5 - MS17,5 - PC17. Note moyenne du groupe : 17 - Prix : 127 €

Niveau : Bas goulot. Bouchon parfait.

-          Robe évoluée

-          Nez qui distille une impression de jeunesse. Café, suie, camphre et beaucoup de fraîcheur.

-          En bouche, maturité et équilibre rivalisent et donnent à ce vin un caractère aérien sur des notes de framboise. Complexe et gourmande, la matière manque cependant d’un rien de punch et d’acidité.

Beau vin classique à maturité avec une belle présence sur une matière très aérienne.

 

7. Léoville Las Cases 1962 :

DS17,5/18 - MS18 - PC17. Note moyenne du groupe : 17,5 - Prix : 95 €

Niveau : Haute épaule/bas goulot. Bouchon parfait.

-          Robe rubis translucide.

-          Un premier nez un rien tertiaire, qui évolue après aération sur de belles nuances de fumée et de cèdre. Les arômes acquièrent une profondeur remarquable.

-          Une bouche bien vivante sur un équilibre exceptionnel. L’acidité est parfaitement dosée. Les parfums rappellent l’orange.

Il a la finesse, le charme et la complexité d’un vieux grenache. Atypique mais excellent.

 

8. Léoville Las Cases 1961 :

DS15/14,5 - MS15,5 - PC14,5/15. Note moyenne du groupe : 15 - Prix : 162.50 €

Niveau : Haute épaule/bas goulot. Bouchon parfait.

-          Robe assez sombre pour l’age du vin. Beau dégradé sur le disque.

-          Le nez très concentré exhale le viandox et des parfums empyreumatiques. Il fait penser à un Porto.

-          Attaque un peu légère mais grosse présence en bouche. La matière, semble néanmoins avoir souffert d’un excès de maturité et laisse à quelques dégustateurs une impression controversée de sucrosité. La finale est un rien corsée et l’alcool est gênant.

Une déception dans le contexte du millésime, on attendait mieux.

 

9. Léoville Las Cases 1959 :

DS18,5/19 - MS19 - PC19. Note moyenne du groupe : 18 - Prix : 195 €

Niveau : haute épaule/bas goulot. Bouchon parfait.

-          Robe encore bien sombre et très belle.

-          Nez énorme qui combine tous les éléments d’un grand vin : complexité, beauté des arômes, race. Il est si présent qu’on en mesure toute la beauté avant même d’avoir mis son nez dans le verre.

-          Bouche sublime de fraîcheur et de race qui rappelle le 66 avec une matière plus posée. La gourmandise de ce vin, qui parait encore si jeune, fait l’unanimité.

La magie de croiser un grand vin à maturité est une expérience rare. Une très bonne surprise.

 

10. Léoville Las Cases 1955 (Mise Barrière) :

(Echantillon défectueux) - Prix : 130 €

Niveau : Haute épaule. Bouchon complètement désintégré car imprégné.

-          Dès le premier nez le vin offre une sensation désagréable et vinaigrée. La bouche madérisée confirme la mort de cet échantillon.

 

11. Léoville Las Cases 1947 :

DS14 - MS16 - PC15. Note moyenne du groupe : 14 - Prix : 212 €

Niveau : Haute épaule. Bouchon parfait.

-          Robe peu évoluée. Etonnante.

-          Derrière un vieux meuble en bois qui embaume la cire et l’encaustique se dissimule un fruité d’une belle présence.

-          Bouche fraîche, quoique légèrement métallique, sur une matière assez dense. La finale se révèle toutefois un peu trop austère et soufre d’une forte acidité volatile typique du millésime.

Le poids des années commence à faire son effet et le vin évolue rapidement dans le verre.

 

12. Léoville Las Cases 1945 :

DS16 - MS17,5 - PC16. Note moyenne du groupe : 16 - Prix : 280 €

Niveau : haute épaule/bas goulot. Bouchon imprégné jusqu'en haut mais tenu correcte.

-          Robe tuilée concentrée.

-          A l’instar du 61, le nez évoque une matière très mure presque typée Porto, mais la complexité est plus intéressante et les arômes plus purs.

-          Le point d’équilibre nous semble atypique, voire marginal en rapport aux autres millésimes dégustés. La sucrosité est assez importante mais l’alcool est imperceptible. La matière offre un volume imposant, avec les arômes typés Porto pressentis en reniflant nos verres.

Beaucoup de similitude avec le 61, mais plus précis et moins alcooleux.

 

Conclusion :

-          Dégustation globalement de haut niveau.

-          Un bel échantillonnage des grands millésimes d’après guerre s’offre à nous, et ce dans des mises château (mis à part le 55 qui s’est révélé être la seule bouteille défectueuse).

-          Difficile d’évaluer l’évolution qualitative d’un domaine, même sur une verticale aussi bien achalandée… aurons-nous un jour (enfin, nos enfants…) l'occasion de déguster les grands millésimes récents (96, 2000) avec un tel écart de 60 ans ? Seront-ils encore vivants ?

 

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