Club toulousain In Vino Veritas

Voyage en champagne, fin janvier 2009

 

 

 

 

 

     Commençons par remercier chaleureusement les producteurs qui nous ont si cordialement reçus. Nous leur adressons nos remerciements les plus vifs pour les moments (de découverte, de convivialité, de plaisir…) passés en leur compagnie.

 

 

Participants : Didier Sanchez (DS), Pierre Citerne (PC), Laurent Gibet (LG) et Miguel Sennoun (MS)

 

 

     Didier Sanchez s'est chargé de l'organisation du voyage, à partir d'un choix de domaines commun. Ce "carnet de route" de notre séjour a été écrit par Pierre Citerne et Laurent Gibet.

 

 

Les domaines que nous avons visités :

 

  1. Bollinger
  2. Egly-Ouriet
  3. Jacquesson
  4. Salon/Delamotte
  5. De Sousa
  6. Selosse
  7. Krug

 

 

 

NOTES ET COMMENTAIRES SUR LES VINS DEGUSTES

 

     Les domaines sont cités dans l'ordre des visites effectuées, et les vins commentés et notés selon le barème du club fourni dans ce document, dans l'ordre de leur dégustation.

     Nous sommes conscients du caractère éminemment subjectif de la dégustation, de la complexité du vin en tant qu'objet de plaisir et objet de culture. Nous tenons à ce que les commentaires et les notes soient considérés comme des repères ponctuels et personnels, dont le but est de structurer notre mémoire, en aucun cas comme des jugements de valeur visant à exprimer une hiérarchie ou des certitudes. Le style parfois assez télégraphique des descriptions s'explique par une volonté des ne pas trop nous éloigner des notes prises sur le moment, de ne pas trop broder sur la perception fugace, fragile, d'une réalité capricieuse.

 

 

Bollinger (impressions de dégustation de Laurent Gibet)

Pas de vins tranquilles bus chez Bollinger mais une visite instructive menée par Christian Dennis, ponctuée par une dégustation à laquelle se joindra Mathieu Kaufmann, responsable de l’élaboration des vins (elle nous permettra notamment d’aborder le sujet de la qualité de l’emblématique millésime 1996).

 

Vins dégustés :

Champagne Bollinger Spécial Cuvée

DS14 - PC14 - LG14,5 - MS14,5. Note moyenne : 14,3

Base 2003/2004. Notes de fruit (agrumes, poire, pêche jaune, ananas), de craie, de beurre, d’acacia, de curry. Bouche pas vraiment en place, à la bulle à la fois un peu trop devant le vin et fugace (et un peu trop dosée ?). Il semble que les périls potentiels du millésime 2003 soient ici à l’œuvre car il me semble que la SC possède d’ordinaire un socle minéral et acide plus résolu.

 

Champagne Bollinger Grande Année 1999

DS15,5/16 - PC15,5/16 - LG16/16,5 - MS16,5. Note moyenne : 16,1

Dégorgée en février 2008. Belles notes complémentaires de minéral, de fougère, de citron, de poire, de mousseron, de menthe. Beau tracé d’une bouche riche mais équilibrée, qui a besoin de temps pour gagner en fond (alors que la SC semble faiblir à l’air). Pour Pierre, le dosage (8g) semble ressortir à l’aération...

 

Rappel : Champagne Bollinger Grande Année 1999 : 16,5/20 - 21/9/07

Nez grillé, subtilement minéral, épicé, pour des odeurs de pêche, d'agrumes, de vanille, d'amande fraîche, de menthol, de fruits rouges aussi. Bouche sur la réserve, plutôt dodue, avec un peu d'amertume sur sa finale, un peu assoupie, à attendre impérativement.

 

Bollinger RD 96

DS17 - PC16,5 - LG17,5 - MS17. Note moyenne : 17

Eclat, finesse, puissance pour un vin logiquement en gestation (idem pour le Krug 96 bu chez Gagnaire début 2007 et pour Bollinger Vieilles Vignes Françaises 96 bu au Celler de Can Roca en juillet 2005). Saveurs transitoires d'abricot sec, de kirsch, de pomme. Vigueur, acidité, garde ... La qualité se juge bien entendu sur la plénitude, la persistance en bouche.

 

 

Egly-Ouriet (impressions de dégustation de Pierre Citerne)

Une belle série de vins clairs goûtés sur fût et sur cuve : surtout des pinots noirs, puissants et pleins, de Verzenay et d’Ambonnay, dominés par les vieilles vignes des Crayères (parcelle plantée en 1947) qui en 2007 et 2008 possèdent un surcroît de richesse et de profondeur. L’Ambonnay rouge 2008 (10 fûts dont 6 neufs) montre déjà une grande qualité de définition, que l’on retrouvera dans le 2007. On sent ici l’ambition, louable, de redonner du lustre à la production de vins rouges champenois.

 

Vins dégustés :

Egly-Ouriet Coteaux Champenois rouge Ambonnay « Cuvée des Grands Côtés » 2007 (sur fût)

DS16,5 - PC16,5/17 – LG(16) - MS16,5. Note moyenne : 16,4

Epicé, nuancé, très précis et disert aromatiquement. Le vin montre une matière riche, serrée, ferme, « crayeuse », alliant finesse de structure et de grain, précision et puissance. A ce stade de son élevage, une expression originale et profonde du pinot, dont on suivra avec intérêt l’évolution après la mise.

 

Egly-Ouriet Champagne « VP » Ambonnay GC

DS16,5 - PC16 - LG16 - MS16. Note moyenne : 16,1

Base 2002

Saveur de miel et de grillé, toucher ferme, crayeux, mais fin et équilibré. Présence d’un vrai vin, plein de santé.

 

Egly-Ouriet Champagne « Vieilles Vignes Les Crayères » Blanc de Noirs Ambonnay GC

DS17,5 - PC16,5/17 - LG17 - MS17,5. Note moyenne : 17,2

(2003)

Robe cuivrée. Très riche en bouche, dense, presque suave, puissante saveur de framboises chauffées et même un peu confites, de mirabelle ; le vin, massif, parvient à conserver droiture, cohérence et tension.

 

 

 

Jacquesson (impressions de dégustation de Laurent Gibet)

Un beau et long parcours, minutieusement préparé par Jean-Hervé et Laurent Chiquet, avec de nombreux vins tranquilles et des vins bus à table. Nous les remercions plus particulièrement pour l’accueil attentif et chaleureux qu’ils nous ont consacré.

 

Vins dégustés :

Champagne Jacquesson 733

DS14,5 - PC14,5 - LG15,5 - MS15,5. Note moyenne : 15

50%chardonnay, 24% Pinot Noir, 24% Pinot Meunier

Maturité de fruit (mirabelle charnue, agrumes, pomme). Fin et comme en train de mettre ses constituants (base 2005) en ordre de marche.

 

Champagne Jacquesson 732

DS14,5 - PC14,5 - LG14 - MS14,5. Note moyenne : 14,4

Prestation plus chiche, aux tonalités végétales un peu marquées (base 2004), exigeante, amère. Pour ma part, je lui préfère la version 733, plus complète.

 

Rappel : Champagne Jacquesson Cuvée 732 brut NM - 15/4/08

DS15,5 (am) - DS14 (soir) - LG14 - MS14,5 - CD15 (am). Note moyenne : 14,6

Cette cuvée 732 est élaborée à partir de la récolte de 2004 à 80% avec un assemblage de chardonnay (39%), de pinot meunier (36%) et de pinot noir (25%) complété par des vins de réserve. Les vinifications s’effectuent comme à l’habitude, en foudres, sur lies. L’élégance s’exprime sous la forme de notes de fleurs blanches, d’agrumes, de brioche. Le flux effervescent se calme progressivement en laissant apparaître une texture un peu simple et dans laquelle on a envie de pointer l’amertume liée au meunier.

 

Champagne Jacquesson 730

DS15,5/16 - PC15,5/16 - LG15,5/16- MS16. Note moyenne : 15,8

Superbe nez incluant une composante minérale et miellée. Le vin profite ici pleinement d’un supplément de complexité. On note que le pronostic d’amélioration logique posé en juin 2005 s’est confirmé. Le millésime 2002 amène sa dot avec bonheur.

 

Rappel : Champagne - Jacquesson - Cuvée 730 : juin 2005 (au domaine)

JP15,5 – PP15,5  - LG(14)

Nez fin : citron, pomme, fleurs, végétal, banane (fermentaire). Bouche grasse, avec des saveurs de fruits exotiques. La mousse est citronnée, dérangeante pour moi en raison de son ingérence et de son acidité stridulante. Logiquement, Jean-Hervé Chiquet table sur une meilleure intégration des différents composants dans quelques temps.

 

Champagne Jacquesson Avize GC 2000

DS15 - PC15 - LG15 - MS15. Note moyenne : 15

On note une petite coquetterie olfactive (colle) dans ce nez alignant des senteurs de miel, de pâtisserie (frangipane ou mieux, gâteau basque), d’orange. Bouche souple, manquant un peu de netteté et surtout de longueur.

 

Champagne Jacquesson Avize Champ Caïn 2002 (dégorgé à l’occasion de notre passage)

DS17 - PC17 - LG17+ - MS17,5. Note moyenne : 17

Nez complet, mûr, minéral, aux inflexions végétales marquées (qui devraient s’intégrer à terme). Bouche puissante, saline, en gestation, qui devrait s’avérer magnifique dans quelques années. Un champagne dont l’œil semble vous observer, en effet.

 

Champagne Jacquesson Dizy Terres Rouges rosé 2003

DS12 – PC? – LG(13) - MS13,5. Note moyenne :(12,8?)

83% Pinot Meunier, 17% Pinot Noir

Très marqué par le pinot meunier (griotte, fleurs, épices), mais le flot bullaire de ce rosé de saignée est présentement très envahissant. Il faut espérer ce tumulte seulement passager. Pour Pierre : très boisé aussi, lactique, bizarre...

 

Champagne Jacquesson Avize GC 1989

DS15,5 – PC(13) - LG14,5 - MS15. Note moyenne : 14,5

Dégorgé en 2008. Nez minéral (craie), alliacé (une pointe truffée plutôt chic), produisant de belles senteurs évoluées : rhum, orange, panier de champignons. Un aspect vieux cuir, rancio, amer (zestes) pour peut-être trahir une évolution précipitée. Finale amère. Problème d’échantillon ?

 

Champagne Jacquesson Signature 1988

DS17 - PC17 - LG16,5/17 - MS17. Note moyenne : 16,9

Moitié chardonnay, moitié pinot noir. Senteurs d’agrumes, de pêche. Expression nette, solide, très fine. Le profil reste un peu austère.

 

A table :

Champagne Jacquesson Dizy Corne Bautray 2000 (magnum) (dégorgé en Mars 2006)

DS16 - PC16 - LG15,5 - MS16,5. Note moyenne : 16

Profil très BdB, avec beaucoup d’agrumes et une tonalité végétale un peu forte rappelant le géranium. En l’état, la bouche est concentrée, assez raide, un brin amère, manquant de raffinement, de variation. Pierre analyse un Chardonnay plein comme un pinot.

 

Champagne Jacquesson 1996

DS15,5/16 - PC15,5 - LG15 - MS16,5. Note moyenne : 15,7

Riche et mûr, sur des goûts encore simples de pomme et de citron, peu consentant en raison d’une acidité implacable.

 

Rappel : Champagne Jacquesson (Autrefois baptisée « Signature ») 1996 - 3/7/08

DS16,5 - PC15,5 - LG15 - MS16. Note moyenne : 15,8

(56 % Pinot Noir/44% Chardonnay). Dans les années d'exception, Jacquesson procède à l'assemblage de certains de ses meilleurs foudres de Grands Crus, auxquels s'ajoutent parfois les plus belles parcelles de Dizy, classées Premiers)

On devine plus ici un mélange des 2 cépages principaux champenois. Senteurs de pêche, d'épices, de miel, d'agrumes. Bouche fine, à l'acidité soutenue, associée à une certaine virulence.

 

Patrimonio Arena Carco 2006

DS14 - PC14,5 - LG14 - MS14,5. Note moyenne : 14,3

Nez mûr, animal exprimant des fleurs lourdes, du cacao, de la menthe. A l'air monteront des notes de garrigue, de genièvre.

Bouche massive, aux tannins légèrement poudreux, qui ne fait pas trop dans la dentelle en l'état en raison d'une astringence accentuée.

 

Tokaji Oremus 5p 1999

DS16,5 - PC17 - LG16 - MS16,5. Note moyenne : 16,5

Belle expression fruitée : abricot, pomme, marmelade d'orange. Bouche reprenant ces notes, soutenue par l'acidité traditionnelle du cépage (ou des cépages car le Harslevelü est probablement (au moins) associé au Furmint dans cette liqueur).

 

Rappel : Tokaji Aszu – Oremus – 6 Puttonyos 1999 : 11/5/06

JP17,5/18 – PP17,5 - LG18

Olfaction exemplaire (panier fruité abondant, complexe, racé, parfaitement pur) ; réjouissante multitude de notes assorties : fumée, poivre blanc, thé earl grey, poire, rose, clémentine, litchi, abricot sec (liste incomplète).

Bouche dotée d’une formidable unité, friande, persistante, soutenue par une acidité remarquable. Une grand liquoreux, clair et net, dans un style peut-être plus international.

 

 

Salon/Delamotte (impressions de dégustation de Laurent Gibet)

Accueil dans le nouveau salon de dégustation. La série de vins (sérieux, sans réelle surprise) se conclura par un Salon 1997, n’ayant aucun mal à justifier son statut de vin exceptionnel, pas facile d’abord mais magistralement taillé pour l’aventure.

 

Vins dégustés :

Delamotte Brut

DS13,5 - PC14,5 - LG13 - MS14. Note moyenne : 13,8

Base 2004 (50% Chardonnay, 30% Pinot noir, 20% Pinot Meunier). Senteurs mûres de minéral, de miel, d’agrumes. Simple, court, vif, pour une mousse trop fougueuse.

 

Delamotte Rosé

DS13,5 - PC14,5 - LG13,5 - MS14,5. Note moyenne : 14

(Base 2004)

Sans surprise, notes de fraise et de zeste d’orange pour ce sympathique rosé classique (obtenu traditionnellement par ajout de pinot noir tranquille)..

 

Delamotte BdB 1999

DS15,5 - PC15/15,5 - LG15,5 - MS16. Note moyenne : 15,6

Notes initialement réduites de brioche, de fruits blancs, de rillettes, de pierre. Gras (glycérique) et droit, minéral, austère.

 

Delamotte BdB 1990

DS15,5 - PC15,5 - LG15,5/16 - MS16. Note moyenne : 15,7

Dégorgement tardif (2003). Joli nez évolué : noisette, agrumes, miel, frangipane, champignons. Bouche en écho, correctement construite

 

Salon 1997

DS18 - PC17,5/18 - LG17,5+ - MS18. Note moyenne : 17,8

Le nez concentre des senteurs enfouies de coquille d'huître, de citron, de craie, de noisette. On est d’emblée dans un autre univers. Bouche fermée à double tour, droite (un petit air de Chablis), dense et fine.  Un style impérieux (ce jour-là du moins), fortement minéral, proche de celui du 1988 (et très différent de celui du 1995). Présence hiératique d'un grand vin indiscutable, travaillé sans bois et sans malolactique.

 

 

 

De Sousa (impressions de dégustation de Pierre Citerne)

Parmi les vins clairs dégustés (2008), uniquement issus du chardonnay, vins d’une réelle plénitude, quoique parfois fortement marqués par des arômes boisés d’élevage, ressort un très bel échantillon du Mesnil, particulièrement droit et pur, qui devrait engendrer une future cuvée de champagne « Caudalies Le Mesnil ».

 

Vins dégustés :

De Sousa Coteaux Champenois blanc « Cuvée des deux Eric(k) » (2005)

DS15,5 - PC15 - LG15 - MS15. Note moyenne : 15,1

2/3 Avize, 1/3 Mesnil

Nez très chardonnay, beurre et noisette grillée. Vif en bouche, un peu de CO2, du gras, fermeté crayeuse ; digne d’intérêt, malgré une petite verdeur.

 

De Sousa Champagne « Brut Tradition »

DS14 - PC14,5 - LG14 - MS14,5. Note moyenne : 14,3

50% chardonnay 40% pinot noir 10% meunier

2003/ 2004/2005 – Dégorgé 05/06/2008

Jeune, bulleux, rond, mais agréable et cohérent.

 

De Sousa Champagne « Brut Réserve » Blanc de Blancs GC

DS14,5 - PC14 - LG15 - MS15. Note moyenne : 14,6

Base 2005 (30 à 35% de vins de réserve) – Dégorgé 18/02/2008

Nez fruité, simple, fruits blancs, pomme... Plus mince que la cuvée tradition, un peu neutre, même si la finale, crémeuse, laisse une impression finale plaisante.

 

De Sousa Champagne « Cuvée des Caudalies » Blanc de Blancs GC

DS16 - PC16 - LG16 - MS16. Note moyenne : 16

Solera de 1995 à 2004 (50% de 2004) – Dégorgé 29/01/2008

Nez nettement plus stylé, riche et minéral. Vin présent, saveur crayeuse qui « tire » la bouche, équilibre et densité. Voilà du vin, alors que les deux échantillons précédents n’étaient que des champagnes.

 

De Sousa Champagne « Cuvée des Caudalies » Blanc de Blancs GC (non dosé)

DS16,5 - PC16,5 - LG16,5 - MS16,5. Note moyenne : 16,5

Solera de 1995 à 2004 (50% de 2004)

Le vin semble plus jeune, plus serré, puissant, plus net mais moins flatteur aromatiquement que le vin précédent.

 

De Sousa Champagne « 3A » GC

DS15 - PC14,5 - LG15,5 - MS15,5. Note moyenne : 15,1

25% pinot noir Aÿ, 50% chardonnay Avize,  25% pinot noir Ambonnay – base 2005 – Dégorgé 21/05/2008 et non dosé

Teinte assez marquée, reflets cuivrés ; nez très fruité, monolithique : fruits rouges, pomme... Rond, large en bouche, manifestement très jeune, encore simple mais solide.

 

De Sousa Champagne « Cuvée des Caudalies » GC 2002

DS16 - PC15,5 - LG15,5/16 - MS16. Note moyenne : 15,8

50% pinot noir Aÿ, 50% chardonnay Avize (malolactique faite)

Nez puissant de pêche rôtie, de caramel, de miel ; lactique et fortement boisé. Matière puissante et gourmande, ronde, chaleureuse, capiteuse même... Un vin au caractère pour l’instant largement dominé par le pinot, qui finit sur des notes boisées et caramélisées insistantes.

 

De Sousa Champagne « Cuvée des Caudalies » Blanc de Blancs GC 2003

DS15,5/16 - PC15 - LG15,5 - MS15. Note moyenne : 15,3

Expression aromatique riche et avenante : évocation d’ananas confit, de tarte tatin, des notes empyreumatiques aussi... Bouche ronde, crémeuse, plaisante mais assez linéaire ; heureusement qu’une acidité plus tonique (malolactique non faite nous dit Erick de Sousa) vient relever la finale.

 

De Sousa Champagne « Cuvée des Caudalies » Blanc de Blancs GC 2000

DS16,5 - PC15,5 - LG16,5 - MS16,5. Note moyenne : 16,3

On retrouve un nez de chardonnay typique, riche, rond, épicé et beurré. Jolie texture en bouche, bulle crémeuse, du gras, de l’allonge, saveur grillée un peu animale, amertume présente en finale.

 

De Sousa Champagne « Cuvée des Caudalies » Rosé GC

DS14,5 - PC14 - LG15 - MS15. Note moyenne : 14,6

Base 2004 (10% Pinot Noir assemblé avant mise en bouteilles)

Couleur saumon pâle, Nez timide, groseille et notes fumées. Bouche tendue, dense, avec un arrière goût terreux, racinaire (influence du millésime ?) ; comme le nez, la bouche est largement marquée par un boisé empyreumatique.

 

 

 

Selosse (impressions de dégustation de Pierre Citerne)

Des vins clairs dégustés dans un chai où la température ambiante plafonnait aux alentours du degré... Malgré cela, les vins, issus de fûts désignés au hasard par les dégustateurs, se montraient pleins, précis, vivants.

 

Vins dégustés :

Selosse GC Champagne Blanc de Blancs Avize 2002

DS17 - PC17/17,5 - LG17 - MS17,5/18. Note moyenne : 17,3

Dégorgé à la volée sur le moment (mise en vente prévue pour septembre 2012)

Aspect laiteux. Invitant, spontané, très pur, bulles fines, effervescence tactilement très agréable (ce qui est rare...). Un fruit plein de fraîcheur et de générosité, dense mais aérien, enfin un champagne qui donne envie de boire !

Une quasi impression (aromatique du moins) de VT

 

Selosse Champagne « Contraste » GC Blanc de Noirs (Aÿ)

DS16 - PC16 - LG16,5 - MS16,5. Note moyenne : 16,3

Dégorgé septembre 2008, dosé à 2g. – solera 1994-2002 (2002 majoritaire)

Robe cuivrée, or gris... Nez encore monolithique de pomme et de terre ; matière impressionante, saveur virile, saline, oxydative (tarte tatin), libre, d’une grande finesse dans sa rugosité...

 

Rappel : Champagne - Jacques Selosse – Contraste : 25/9/05 (cr par Pascal Perez)

JP17 – VM16,5 - PP17 – LG17,5

Blanc de Noirs non millésimé. Olfaction très mûre de pêche jaune, de mangue, d’abricot et de framboise. Minéralité affirmée. Bouche compacte, dense, arrondie par son gras. Le style est plus policé que celui habituellement offert par le domaine et un seul des convives le démasque. On tangente ici le grand classicisme champenois : bulle très fine, droiture, grande maturité du fruit (jaune et fraise des bois) et une finale fouettée par un beau retour vivifiant et structurant.

 

Selosse GC Champagne Blanc de Blancs Avize 1999

DS16,5 - PC17 - LG16,5 - MS16,5. Note moyenne : 16,6

Dégorgé le 20 janvier 2009, dosé à 1,5g.

Robe dorée, très pleine. Très riche (14,2° d’alcool qui pourtant ne plombent pas le vin), sapide, solaire. Une expression qui démarre sur le caramel et les fruits jaunes rôtis avant de revenir vers une grande minéralité crayeuse.

 

Selosse Champagne « Substance » GC Blanc de Blancs Avize

DS16 - PC16,5 - LG17 - MS16,5. Note moyenne : 16,5

Dégorgé novembre 2008 – solera 1986-2002

Couleur vieil or très soutenue. Nez austère mais pourtant expressif, terrien, rancioté, racinaire, riche de subtiles nuances camphrées et éthérées, comme un vin jaune ou un jerez. Franchement crayeux en bouche, accrocheur, accroché aux muqueuses, rugueux... durci par une forte acidité volatile. Difficile et passionant ; le pont minéral et intellectuel proposé par Anselme Selosse, entre la craie de Champagne et celle de Jerez, invite à un bien curieux voyage...

 

Rappels :

a. Champagne - Selosse - Substance : juin 2005 (au domaine)

JP18,5 - PP17 – LG18,5

Un monde de parfumerie (huiles essentielles) : bois de rose, miel, pomme, rose, épices … Du verbe et de la munificence avec ces goûts baroques et fins assumés qui déferlent en vagues successives et dont on ne se lasse pas : goyave, thym, zeste d’orange, fruits confits, végétal, noix, cidre (oxydation liée à l’élaboration en solera, pour compliquer un peu l’analyse) …  La massivité est assez fabuleuse et l’alcool procure une sensation de plaisir proche de celle d’un vin moelleux. Ce mélange original est bien mieux goûté qu’en septembre 2004 (il nous avait alors semblé manquer d’évidence et de personnalité !).

b. Champagne – Jacques Selosse – Substance (dégorgé le 24/09/2003) : 18/12/05

PP17,5/18 – LG17,5

Nez présent et généreux : fruits jaunes, pointe exotique, orange, crème pâtissière (suzette), épices et, enfin, léger nougat signant l’oxydation ménagée typique du domaine. Signé Selosse avec sa puissance, sa minéralité et sa complexité (légère et très belle amertume). Toujours ce caractère tout à la fois baroque et rigoureux. Grande longueur aussi. Encore plus de fraîcheur peut être que sur d’autres expériences de cette cuvée. Moins d’oxydation et donc plus de pureté également.Sa force s’accommode fort bien de l’explosion du premier plat ; l’accord avec la royale de foie est encore plus évident, les fruits et les acidités du vin et du plat se répondant à merveille.

 

Selosse Champagne Rosé

DS14,5 - PC14,5 – LG15,5 - MS14,5. Note moyenne : 14,8

Base Chardonnay d’Avize, 6 à 8 % de Pinot Noir d’Ambonnay sur 3 années conservées séparément.

Nez simple ; bouche un peu plus remuante, offrant une bulle fine et agréable, mais nettement dosée.

 

Selosse Champagne « Exquise »

DS15 - PC15 - LG15,5 - MS15,5. Note moyenne : 15,3

Dégorgé novembre 2008, dosé à 24g – base 2002/2003

Premier contact : sucré, simple, gazeux... Mais finalement sympathique, agréable, crémeux sans lourdeur, on aurait tendance à y revenir ce qui est plutôt bon signe.

 

Rappels : Champagne Selosse Exquise : 15,5/20 – 17/9/05

Corsé, mandarine, épices, tarte orange, girofle, beau sucre malgré tout

 

 

 

Krug (impressions de dégustation de Laurent Gibet)

Olivier Krug nous a accordé du temps pour déguster de nombreux vins tranquilles, marqués par une forte acidité qui les rendait  d’autant plus délicats à juger en l’état. Nous avons dégusté une Grande Cuvée peut-être un peu moins expressive et aboutie que d’ordinaire et un millésime 1988 serein et précieux, très représentatif du style de cette maison de prestige.

Note : 250 cuvées différentes sont produites ici chaque année (sans oublier les 150 vins de réserve). L’élaboration du produit fini est donc un travail d’assemblage particulièrement complexe.

 

Vins dégustés :

Krug GC :

DS16 - PC15/15,5 - LG16,5 - MS15,5. Note moyenne : 15,8

40 à 50% de vins de réserve sur 20 ans.

Bouche nette, sereine, dense, fruitée (orange), épicée. Sur le moment, l’acidité me semble un peu marquée (et le plaisir un peu plus lointain).

 

Krug 1998

DS18/18,5 - PC17 - LG18 - MS18. Note moyenne : 17,8

Chardonnay majoritaire

Senteurs de brioche, de beurre, de mousseron, de pêche jaune, de citron. Bouche « haute fidélité », riche mais équilibrée, fine, présente en longueur (pour un milieu de bouche crémeux), associant dans une belle harmonie le fruit, le végétal et le minéral.

 

 

 

Restaurant « Les Crayères » à Reims (impressions de dégustation de Laurent Gibet) :

Meursault Roulot Tessons « Clos de mon Plaisir » 2000

DS14,5 - PC14,5 - LG14,5 - MS14,5. Note moyenne : 14,5

Robe dorée. Arômes bien opulents de beurre, de caramel, de verveine, de citron confit. On pourrait se croire à Pouilly-Fuissé. Bouche lourde, corsée, capiteuse, inélégante, lassante. On est loin du style tranchant habituel du domaine.

 

Pessac-Léognan : Château La Mission-Haut-Brion 1996

DS16,5/17 - PC17 - LG16+ - MS17. Note moyenne : 16,7

La race commence à apparaître dans ce profil juvénile, fruité (cassis), très légèrement empyreumatique, assez souriant (plus 96 que 95, en effet), qui devrait bien évoluer. Attendre encore facilement 5 à 10 ans ?

 

Coche-Dury Bourgogne rouge 2002

DS16 - PC15,5/16 - LG16 - MS16. Note moyenne : 15,9

Très agréable expression fleurie et fruitée, vivante, semblant issue d’une parcelle plus huppée.

 

Rappel : Coche-Dury Bourgogne rouge 2002 : 14,5/20 – 26/1/08 (au domaine)

Notes pures de fleurs et de fruits, avec un agréable soupçon végétal (roncier, fraise, framboise, réglisse). Bouche croquante, qui reste un peu en surface toutefois.

 

 

 

Vins bus au gîte :

Vaud, La Colombe (Paccot à Féchy) cuvée Frédy Girardet 2006

DS13,5/14 - PC13,5/14 - LG14,5/15 - MS13,5. Note moyenne : 13,9

Un vin blanc d’assemblage fleuri, fruité (poire, citron). Bouche de caractère (typée par le chasselas ?), grasse, tout en douceur, légèrement saline. Noter que le vin sera encore nickel une semaine plus tard, avec une expressivité de fruit intacte (ananas et poire).

 

Rappels :

a. La Colombe (Paccot à Féchy) cuvée Frédy Girardet 2006 : 15,5/20 – 2/2/08

Assemblage selon le millésime de Chasselas, Chardonnay, Pinot Blanc, Pinot Gris, Charmont, issus de terroirs sélectionnés. Fruité (pomme, pamplemousse), miellé, fleuri, avec une minéralité suggérée. Bouche cohérente, de bonne longueur, avec une belle évocation marine (subtile persistance saline).

b. La Colombe Sélection Girardet 2006 (14,5/15) : au domaine en décembre 2007

Le vin (goûté) le plus intéressant de la maison : fruite (agrumes) et végétal (verveine, camomille), fin, floral, plus vif, plus d'énergie, un peu minéral et salin.

 

Pinot Gris : Domaine Binner « Cuvée Béatrice » 1997

DS14,5 - PC14,5/15 - LG14,5 - MS14,5. Note moyenne : 14,6

Nez très alsacien, avec des agrumes, du cumin. Tonalités viandées et beurrées. Matière un peu plane, légèrement sucrée, agréable mais sans grand tonus. Des limites du cépage (et du millésime ?).

 

Pomerol : Château Le Gay 1990

DS16 - PC16,5 - LG15,5/16 - MS16. Note moyenne : 16,1

Olfaction corsée, capiteuse, complexe : viande rôtie, cerise confite, cacao, menthe, épices, champignon, cassis, tabac, réglisse, amande, truffe. Bouche dense, ferme (tannicité notable vu le millésime et la rive), terminée par un beau retour acide. Il y a une sorte de dualité entre la maturité du fruit et la rigueur de la bouche (le vin évoluera beaucoup dans le verre et on pourra penser successivement à un vin du Douro (ce nez de VDN), un vin d’Italie du Sud (ou un super-toscan), à Trévallon).

Le vin, qui associe douceur aromatique et force tannique, a besoin de temps pour s'exprimer, paraître "plus au large".

 

Rappel : Pomerol – Château Le Gay 1990 : 8/5/04

PP17 – PC17,5 - LG16,5 – JP17

Le nez, complexe, présente des flaveurs entremêlées de nature primaire (fruits rouges, fleurs, menthe), d’évolution (champignon, humus, résine) et, plus intrigant, de soja.

Le port est droit, sans esbroufe. La bouche propose la suavité inhérente à l’appellation et une structure plus inhabituelle. La fraîcheur est admirable pour le millésime. Les tannins, terriens, sont perceptibles mais aucune sécheresse ne les ternit. Une classe certaine pour un style plus rive gauche que droite.

 

Condrieu GFA du Nebadon 1991

DS12 - PC13,5 - LG12 - MS12. Note moyenne : 12,4

Notes d'abricot, de caramel. Pensé à Savennières (ou pinot gris ?). Bouche ectoplasmique, passée (la longévité du viognier ?). Pour Pierre : bouche pâteuse, assez fade, mais quand même pas ectoplasmique....

 

 

Conclusion (synthèse par Pierre et Laurent) :

Rappelons très vite quelques faits :

 

Ce voyage nous aura-t-il donc permis, en nous confrontant un peu au terrain, d’appréhender avec plus de justesse les (grandes) cuvées champenoises ? La production - la fabrication - d’un Champagne, a ses raisons … et nous sommes tout à fait conscients d’avoir effectué notre petit périple dans le cadre feutré et protégé de l’ « excellence champenoise ».

 

La dégustation des vins tranquilles nous aura certainement donné quelques indices pour mieux comprendre la matière première du champagne, les expressions des cépages et des terroirs, même si nous ne nous sommes pas hasardés à fournir de longues descriptions organoleptiques de ces échantillons.

 

Nous pensons pouvoir rappeler l’existence de 2 millésimes de grande garde : 1996, encensé par la critique, mais que tout le monde n’a pourtant pas réussi (comme nous l’avons évoqué chez Bollinger), et 2002, qui semble fort bien parti.

 

Moins rémunérateurs, les vins tranquilles (en rouge comme en blanc) peuvent (et devraient ?) avoir leur légitimité en Champagne. Pierre rappelle que l’Histoire a su célébrer les rouges et les blancs non effervescents.

On peut imaginer comment certains changements climatiques (réchauffement, variations de la pluviométrie et du régime des vents), mais aussi d’éventuels revirements dans les goûts des consommateurs et les modes qui s’ensuivent (ou le contraire), pourraient avoir un rôle à jouer dans cette réhabilitation.

 

A propos de sol, mentionnons le choc du constat de terres si sales (souillées pendant des années par d’anciennes déjections parisiennes – verre, plastique, reliefs divers, …, y compris dans les terroirs les plus prestigieux).

 

Et qu’en est-il de l’impact de traitements phytosanitaires dans ces vignes aux sols pour la plupart complètement nus, sur les raisins, sur les produits, sur ceux qui les boivent ?...

 

Faut-il croire que si les producteurs de raisin accordaient plus de valeur à la qualité du fruit, des jus initiaux, la qualité du vin de Champagne progresserait significativement, aromatiquement et structurellement ? Ou bien le mode de fabrication spécifique du Champagne permet-il en effet d’être moins sourcilleux sur la matière première, la « magie » résidant essentiellement dans les interventions de l’homme et de la symbolique proposée ?  Sans doute la réponse est-elle liée au point de vue de celui qui la pose, amateur de vin ou amateur de champagne...

 

 

 

 

Positionnement et Statistiques Gratuites