Club toulousain In Vino Veritas

Repas-dégustation « Un demi-siècle de vie »

Le millésime 1959 en France et quelques autres « en 9 »

Vendredi 10 avril 2009

 

 

 

 

 

Le repas et la dégustation sont offerts par Didier Sanchez, les vins sont commentés par Pierre Citerne.

 

 

Quelques commentaires de contexte :

Pression atmosphérique : 1007 hpa – très mauvais temps – vent d'Autan fort – pleine lune – sensations de dégustation : excellentes.

Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 3 semaines avant notre rendez-vous. Tous les vieux vins ont été achetés aux enchères (Ebay, Idealwine, etc.)

En l'honneur de l'année de ces 50 ans, Didier Sanchez réunit chez lui, autour de sa table, ses amis œnophiles de longue date afin de tester quelques bouteilles anciennes, principalement millésimées de sa date de naissance : 1959.

Puis d'autres millésimes en 9…

Les vins sont dégustés par séries avec présentation à l’aveugle.

Anecdote : il a fallu 1h40 pour ouvrir les bouteilles, deux bouchons seulement ont été cassés... L'astuce étant, juste avant la sortie du bouchon, de laisser rentrer l'air à mini-dose. Utilisation indispensable du tire-bouchon "Bi-Lame".

Chaque participant dispose de 5 verres : un Zalto «Burgundy» (verre autrichien) et 4 Spiegelau « Authentis N°1 ».

DS : Didier Sanchez – PC : Pierre Citerne – LG Laurent Gibet – PR : Philippe Ricard – MF : Maxime France – MS : Miguel Sennoun.

 

 

 

Menu préparé sur place et servi par le restaurant “Le Gentiane” de Pinsaguel :

Noix de St-Jacques au foie gras et flan de pleurotes au beurre blanc

Cannelloni de langoustines aux amandes

Paupiette de bar en choux au beurre rouge

Croustillant de ris de veau braisé au Porto

Suprême de caille à la tatin d’artichaut

Gâteau de Haricots Pamiers à la compotée de canard

Charlotte de Paleron de bœuf

Fromages de chez Xavier

Ombre et Lumière (Pâtisserie Caucal)

 

 

 

 

Ordre de dégustation

(Nombre total de dégustateurs : 11)

 

 

 

 

Avec les Noix de St-Jacques au foie gras et flan de pleurotes au beurre blanc

 

Série « En attendant les 9… »

 

 

1. Puligny-Montrachet 1er cru "Les Referts" : Domaine Etienne Sauzet 1992

DS17 - PC17 - LG17,5 - PR18 - MF17,5 - MS17. Note moyenne : 17,3

Jaune pâle, reflets verts. Grand nez de chardonnay bourguignon, encore proche du fruit, éclatant, précis et disert, noiseté (ce qui oriente plusieurs d'entre nous vers Meursault). Bouche tout en sveltesse, vive et très savoureuse. Un très beau classique tout en finesse, avec la grâce particulière du millésime.

 

 

2. Jurançon : Clos Joliette 1970

Niveau à mi-goulot

Bouteille bouchonnée.

 

 

3. Vouvray : A. Foreau Demi-Sec 1971

DS17,5 - PC17 - LG16,5 - PR17,5 - MF17,5 - MS18. Note moyenne : 17,3

Niveau à 2 cm

Belle robe ambrée, presque rousse, brillante. Nez tout à fait typique, très net : sucre d'orge, coquille d'huître, quinquina, champignon de couche... Matière vive et aérienne, avec un léger sucre résiduel harmonieusement intégré ; pureté et cohérence : le vin de taffetas idéal. 

 

 

 

 

Avec le Cannelloni de langoustines aux amandes

 

Série « Les millésimes en 9… »

 

 

4. Nuits-Saint-Georges blanc : Pierre Cusset 1959

DS11 - PC(11) - LG12 - PR(non noté) - MF(11) - MS(12). Note moyenne : (11,4)

Niveau à 4 cm

Teinte roux-verdâtre, brunie, robe trouble. Nez oxydé sans charme, noix rance et sueur... Bouche dure, d'une certaine ampleur mais sans tenue ni agrément, passée.

 

 

5. Alsace Riesling : Clos Saint Landelin "Grande Réserve" - Alfred Muré 1959

DS15 - PC(16) - LG15 - PR14,5 - MF(15) - MS15,5. Note moyenne : 15,2

Niveau à 9 cm

Robe rousse, cuivrée, un peu laiteuse elle aussi. Nez oxydé charmant, épicé, fumé et iodé comme un Islay... Matière franche, longue, persistante, saveur puissamment fumée, animale aussi. Rien à voir avec un riesling mais ferait un assez joli vin jaune ! De la subjectivité en matière de tolérance de l'oxydation dans les vins blancs, dans et hors des contextes culturels où ces goûts ont pu devenir la norme appréciée et recherchée...

 

 

6. Puligny-Montrachet 1er cru "Les Combettes" : Domaine Leflaive 1999

DS16,5/17 - PC17 - LG16+ - PR16,5+ - MF17 - MS17. Note moyenne : 16,7

Très pâle, forts reflets verts. Nez très jeune, dominé par une puissante réduction (qui pousse certains d'entre nous à évoquer un vin de Pierre Morey ...) ; on sent néanmoins derrière cette réduction l'expression d'un fruit épicé et mûr. Bouche en cohérence avec l'expression olfactive, droite, précise, distinguée, pure mais fermée, renfrognée presque jusqu'à l'apparence de maigreur, malgré un volume certain.

 

 

 

 

Avec la Paupiette de bar en choux au beurre rouge

 

 

7. Cahors : Clos de Gamot 1959

DS16 - PC14,5 - LG14,5 - PR16 - MF17 - MS15. Note moyenne : 15,4

Niveau bas-goulot

Très belle robe diaphane, dépouillée, brillante comme un cuivre astiqué... Nez séduisant quoique timide, senteurs de cerise, de feuilles sèches (sous-bois, feuilles de chêne...), peut-être une pointe butyrique... Bouche vive, alerte, pas sèche, savoureuse à sa façon, quoique maigrelette.

 

 

 

8. Saint-Emilion Grand Cru : Chateau Plaisance 1959

DS15 - PC(13) - LG13 - PR13 - MF15 - MS14. Note moyenne : 13,8

Niveau bas-goulot

Robe brun-noir, reflets ambrés évoquant l'oxydation. Nez très puissant mais peu agréable, acidité volatile, menthol, goudron, Viandox, curry (précisément fenugrec selon Laurent). On sent en bouche que la matière était concentrée et mûre ; le vin conserve une certaine douceur de saveur et un réel moelleux tactile, mais l'ensemble est maintenant désuni et grossier, éventé.

 

 

 

9. Saint-Julien : Château Beychevelle 1959

DS17,5/18 - PC18 - LG16,5 - PR17,5 - MF18 - MS18. Note moyenne : 17,6

Niveau très haute épaule/bas-goulot

Belle robe dépouillée, encore dense. Nez remarquable de jeunesse, de profondeur et de séduction ; on peut s'amuser à isoler des petits fruits rouges légèrement confiturés, la rose fanée mais aussi  la rose fraîche, les épices, la fourrure : une quintessence de grand pinot ! Matière dense (pour un pinot donc...), jeune (intemporelle plutôt), somptueusement fruitée, grande saveur portée par le souffle d'une acidité volatile sans dureté. Un magnifique Chambertin, même une fois la bouteille découverte...

 

 

 

Avec le Croustillant de ris de veau braisé au Porto

 

 

10. Châteauneuf-du-Pape : Domaine Jean Deydier 1959

DS17 - PC17 - LG14,5 - PR17 - MF17,5 - MS16,5/17. Note moyenne : 16,6

Niveau 3 cm

Robe grenat tuilé, presque orangée, assez turbide. Joli nez généreux, solaire, des notes typées de vieux grenache : écorce d'orange, olive noire, herbes aromatiques séchées. Toucher suave, moelleux de l'alcool, tannins fins, saveur cohérente ; le vin conserve une tension appréciable.

 

Pour info : Châteauneuf-du-Pape - Domaine Deydier 1947 : 9 juin 2002 (PC)

PC : 15,5 DS : 15,5 VM : 15,5 RT : 13,5 EF : 15 GL 14,5. Note moyenne : 15 

Robe rouge brique, mate, trouble, fortement voilée. Nez évolué, très tabac (cendres de cigare, pas désagréable), graphite, champignon. Belle présence en bouche, de la mâche, du jus, des saveurs distinctes et une bonne acidité.

 

 

11. Saint-Estèphe : Château Calon-Ségur 1959

DS17 - PC16 - LG15 - PR17 - MF17,5 - MS17. Note moyenne : 16,6

Niveau très haute épaule/bas-goulot

Robe grenat pleine, vivante. Nez puissant, très suave mais d'une distinction moyenne, presque surmûr, fumé, mentholé, avec un fruit de cerise confite chocolatée... Bouche pleine, encore gaillarde, drue, riche en alcool et en saveur.

 

 

12. Saint-Julien : Château Gruaud Larose 1959

DS12 - PC(ED) - LG12 - PR(non noté) - MF12 - MS(?). Note moyenne : 12 ou ED

Niveau très basse épaule

Robe passée, comme du café, centre noir et bordure ambrée. Nez croupi qui confirme la robe, vin éventé. Mauvaise bouteille.

 

 

13. Espagne : Rioja : Vina Real "Reserva Especial" Cosecha Compania Vinicola del Norte de Espana (CVNE) 1959

DS17 - PC16,5 - LG16,5 - PR17 - MF17,5 - MS17. Note moyenne : 16,9

Niveau 2 cm

Robe magnifique, centre encore rubis, d'une grande plénitude. Nez frais, nuancé, partagé entre des notes épicées, herbacées et animales (cuir). Très belle tenue en bouche, moelleux, savoureux tout en restant ferme ; un équilibre entre maturité (richesse alcoolique perceptible) et finesse très satisfaisant.

 

Pour info : Rioja -  CVNE Vina Real Gran Reserva 1959 : mai 2005

PP16,5 - LG16,5. Note moyenne : 16,5

Nez encore jeune, parfumé, grillé. La bouche possède un très beau jus, frais et élégant, parfaitement vital malgré l’âge du vin.

 

 

14. Chinon : Domaine Les Roches (Lenoir) 1989

DS15,5 - PC16 - LG14,5 - PR15 - MF16 - MS15,5. Note moyenne : 15,5

Rubis dépouillé, du dépôt. Nez typé de cabernet franc ligérien, craie humide et bouillon d'escargot (et heureusement aussi du fruit !). Structure tannique vive, encore jeune, qui ce soir passe devant la richesse fruitée du vin (peut-être escamotée par la présence souvent "surmûre" des 59 ?).

 

Rappel : Chinon -  Domaine Les Roches (Lenoir) 1989 - Visite du domaine en mars 07 (PC)

Robe profonde, plus dense que celle du 1990 ; nez solaire, très riche, très mûr, tout en conservant une belle netteté aromatique, qui pourrait évoquer certaines réussites de la rive droite bordelaise (Figeac…). Matière souple, riche, peu acide, d'un grand velours, on perçoit la générosité exceptionnelle du millésime. Le contraste des personnalités avec le 1990 est vraiment remarquable : suavité plantureuse d'un côté, finesse presque évanescente de l'autre.

 

 

 

Avec le Suprême de Caille à la tatin d’artichauts

 

 

15. Saint-Julien : Château Léoville Poyferré 1959

DS17 - PC16 - LG15 - PR17,5 - MF17,5 - MS17,5. Note moyenne : 16,8

Niveau moyenne épaule

Encore une très belle robe, grenat profond, dépouillée. Beau nez "classique", disert et à nouveau très mûr (liqueur de cassis ?), évocation de cuir et d'épices aussi... Bouche dense, très serrée, vertébrée par une forte acidité et des tannins virils, finissant peut-être un peu secs.

 

 

16. Vosne Romanée : "Malconsorts" Les Fils de Henri Mathieu 1959

DS18,5 - PC17,5 - LG16,5 - PR18,5 - MF18,5 - MS18,5. Note moyenne : 18

Niveau 3 cm

Robe pleine pour un vieux pinot, dépouillée, orangée en bordure. Très grande finesse aromatique au nez, bouquet parfaitement vosnien de noyau de griotte, de terre retournée, de cuir, de fumé, de petit gibier à plumes ... La finesse incisive du vin se prolonge en bouche, attaque soyeuse, milieu présent et parfumé (goût fumé superbe), finale resserrée par des tannins encore vigoureux.

 

 

17. Saint-Julien : Château Ducru Beaucaillou 1959

DS16,5 - PC17 - LG15,5 - PR16,5 - MF16,5 - MS16,5. Note moyenne : 16,4

Niveau moyenne épaule

Robe encore très profonde, magnifique dégradé du noir velouté à l'orange tuilé. Nez très mûr, voluptueux, proche à la fois de Calon et de Léoville-Poyferré : sirop de cassis, épices douces, noix sèche, cuir... Matière très pleine, mentholée, veloutée, savoureuse, chaleureuse. Langoureuse ? Décadente ?... Un équilibre peut-être un peu déficient en acidité, comme les autres médocs goûtés ce soir (à l'exception de Beychevelle, plus fin, plus léger, plus bourguignon...) - mais malgré cela les vins ont dans l'ensemble très bien tenu jusqu'à aujourd'hui.

 

 

18. Pessac-Léognan : Domaine de Chevalier 1959

DS16 - PC(15) - LG14,5 - PR16,5 - MF16 (?) - MS15. Note moyenne : 15,5

Niveau très haute épaule/Bas Goulot

Robe vraiment très jeune, rubis... Nez troublant de jeunesse lui aussi, presque fermé, avec des notes lactiques et un fruit de cabernet puissant mais renfrogné. Très dense en bouche, serré, gros tannins assez secs... Nous sommes plusieurs à demeurer perplexe devant la jeunesse extrême (mais peu amène) de cette bouteille reconditionnée au château.

 

 

 

Avec le Gâteau de Haricots Pamiers à la compotée de canard

 

Série « Interlude 1999 »

Toutes les bouteilles carafées à 17h, avec bouchon

 

 

19. Pauillac : Château Latour 1999

DS17,5/18 - PC17/17,5 - LG18 - PR18,5 - MF18+ - MS18+. Note moyenne : 17,9

Aspect dense, du dépôt, quelques signes d'évolution dans la robe. Nez d'abord fermé, engoncé dans son élevage qui se délie peu à peu, jusqu'aux senteurs "racées et terriennes" typiques de Latour, de mine de crayon, de pansement et de fiente de poule... Matière moelleuse et serrée, équilibre et sérieux parfaits, modération de la présence alcoolique par rapport à la richesse de l'extrait (et pas de l'extraction). Beau classique déjà buvable avec plaisir.

 

 

20. Pauillac : Château Mouton-Rothschild 1999

DS15,5/16 - PC13/14 - LG(15) - PR15 - MF16,5 - MS15. Note moyenne : 15,1

Comme celle de Latour, la robe montre des signes d'évolution. Le nez est marqué par un boisé chocolaté et grillé ; il se stabilise à l'aération sur une expression évoquant un rôti de boeuf aux herbes aromatiques... Bouche souple, mûre, saveur de rôti et de grillé cohérente avec le nez ; confortable, le vin est limité, la structure semble assez lâche (par rapport à Latour) et la finale est quand même bien doucereuse.

 

 

21. Hermitage : Domaine Chave 1999

DS17,5/18 - PC17 puis 18 - LG17,5+ - PR19 - MF18,5 - MS18+. Note moyenne : 18

Nez très pointu (volatil ?), pénétrant, rigoureux : olives, lard fumé, graphite, suie... Bouche tendue, pleine et vive, sauvagerie canalisée, finale fortement fumée, encore sur la réserve ; le vin peine au début par rapport à la fantasia aromatique et à la pulpe de la Côte-Rôtie mais plus on le boit, plus sa plénitude dynamique et sa richesse nuancée s'affirment.

 

Rappel : Hermitage - Domaine Chave 1999 : décembre 2004 (PC)

DS17,5+ - PC17,5+. Note moyenne du groupe : 16,5

Robe noire, très profonde, premières nuances brique en bordure.

Nez beaucoup plus profond et expressif que les précédents. Le fruit, tout d'abord confit, raisiné, reprend de la fraîcheur à l'aération ; les notes complémentaires de poivre, de fumé, de rose séchée, de cèpe sec sont remarquables de naturel et de subtilité.

Pas plus qu'au nez le bois ne s'interpose en bouche entre le dégustateur et l'expression du fruit. Corps sculptural, d'une insigne finesse, d'une très grande longueur. Un des trois grands millésimes de la soirée, d'un équilibre fascinant entre un caractère solaire affirmé et une élégance qui reste stricte : un vin de feu qui ne s'enflamme pas.

 

 

22. Côte Rôtie : Domaine Jamet 1999

DS17,5 - PC18 puis 17 - LG17+ - PR18 - MF18 - MS18. Note moyenne : 17,1

Robe très dense. Séduction immédiate d'un grand bouquet de violettes et de suie, pureté aromatique parfaite. Svelte mais pulpeux en bouche, pleine, long, juteux, harmonieux ; plus impressionnant et "hédonique" que l'Hermitage au premier abord, mais à l'usage moins fin (tannins grenus, plus espacés et saveur moins nuancée).

 

Rappels : 

a. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1999 - Février 08 à l'ouverture (PR)

DS17,5 – PR17 - CD17,5. Note moyenne : 17,3

Magnifique robe : couleur sang, brillante, très sombre, elle s’impose par sa profondeur et sa jeunesse.

Ouaaaaah ! Le surcroît évident de densité et de richesse aromatique justifiesans ambage la réputation du millésime : fruité flamboyant, arômes classiques de lard, viande, notes mentholées. Un modèle d’harmonie, à la jeunesse intacte, le portrait robot d’une très belle Côte Rôtie !

Quelle finesse ! Quel équilibre ! Quelle matière ! Puissance, densité, classe. Réjouissant ! On est au niveau d’une belle Côte Brune d’un autre millésime… Tout simplement !

Côte-Rôtie - Domaine Jamet 1999 - Février 08 après 5h d'aération (LG)

DS17,5 - LG17,5 - MS17,5. Note moyenne SOIR : 17,5

Formidables odeurs de tapenade, de pain d'épices, de cassis, de réglisse, de cuir, de havane. Fraîcheur mentholée.

Bouche complexe et fondue, charnelle, sanguine et animale, qui me fait logiquement un effet boeuf. Un vin capable d'élévation, qui semble déjà avoir le bagage aromatique et structurel d'une Côte Brune. 

b. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1999 - Février 07 à l'ouverture (PR)

DS 15,5/16 - PR15,5. Note moyenne AM : 15,7 

Robe rouge rubis intense, brillante, particulièrement foncée.

Nez magnifique, vraiment haut de gamme, très racé, un superbe Rhône Nord, typé par la viande, l’animal, avec beaucoup de fraîcheur et d’intensité. Génial ! Les habitués reconnaissent immédiatement la signature du Domaine…

Bouche signée d’une texture divine, d’une sève ultra raffinée, d’une précision rare. Magistral ! La fraîcheur est bien palpable, l’équilibre indéniable, mais on reste par contre sur une impression en bouche d’une relative simplicité aromatique avec une prédominance animale privant nos sens d’une complexité que nous espérions fortement. Et ce ne sont pas les quelques notes florales, le léger fumé, et encore moins un boisé perceptible qui pourront remplacer des arômes de fruits frais, inexistants, pour en faire le vin magistral qu’on devine en lui.

La finale, élégante, ne nous apporte pas davantage de complexité, mais confirme un vin certainement encore fermé, ou pas assez aéré.

A ce moment, nous regrettons tous (sauf Didier) de ne pouvoir assister à la dégustation du soir…

Côte-Rôtie - Domaine Jamet 1999 - Février 07 après 5h d'aération (PC)

DS 17 - PC17 - MS17. Note moyenne : 17

En effet l'aération a libéré ce vin. Expression aromatique d'une typicité parfaite, voluptueuses et pénétrantes notes de suie, de violette, de camphre, de lard fumé… La matière se montre vive, tendue, juteuse, svelte (de puissance modérée), avec une grande sapidité correspondant tout à fait au bouquet du vin. Un grand classique.

c. Côte Rôtie 1999 - Domaine Jamet : avril 2003

DS15,5 – PP15,5 – PC15,5 – LG15. Note moyenne : 15,5

Robe grenat intense, opaque. Nez proposant des senteurs de fruits cuits, de lard, de fleurs, de poivre, de laurier.

Bouche ouverte, ample et coulante, marquée par des flaveurs de fruits épicés. Bon équilibre et longueur raisonnable pour ce vin de puissance moyenne, au boisé bien intégré.

 

 

23. Chambertin Clos de Bèze : Domaine Damoy 1999

DS15,5/16 - PC16,5 - LG15,5 - PR16 - MF16,5 - MS16. Note moyenne : 16

Nez peu causant, profond, dense, très mûr (odeurs presque confiturées), viandé, acidité volatile en avant. Serré, austère en bouche, volumineux mais bien proportionné. Pas de plaisir pour l'instant, un vin qu'il faut aller chercher, manifestement bien doté mais qui a encore tout à prouver.


 

 

Avec la Charlotte de Paleron de bœuf

 

 

24. Pauillac : Château Lynch Bages 1959

DS15 - PC(14,5) - LG12 - PR14,5 - MF15,5 - MS(ED?). Note moyenne : 14,3

Niveau haute épaule

Robe encore dense. Nez très mentholé, ingrat, terreux, vieux cuir penchant dangereusement vers le carton moisi ou même le liège... La matière est assez pleine, carrée, encore en ordre de bataille, mais le goût mentholé prend comme au nez des nuances peu agréables de cendre et de végétal en décomposition.

 

 

25. Pessac-Léognan : Domaine de Chevalier 1949

DS17 - PC17 - LG16 - PR17,5 - MF17,5 - MS17,5. Note moyenne : 17,1

Très haute épaule/bas goulot

Comme le 1959, la bouteille a été reconditionnée au château. Robe brillante, dépouillée, rouge brique avec de beaux dégradés jusqu'au cuivre. Nez magnifique, très fumé, brique chaude, bouse séchée, truffe noire : tout le monde est à Pessac ! mais nous sommes à Léognan... La bouche revient sur terre, un peu mince mais encore cohérente et pas décharnée, saveur pénétrante, toucher peut-être un peu sec. En tout cas un vin d'une grande noblesse aromatique, plus cohérent et plus agréable que l'étrange 1959 goûté un peu plus tôt.

 

 

26. Clos de Vougeot : Château de la Tour 1959

DS16,5 - PC15,5/16 - LG16 - PR16,5 - MF16,5 - MS16,5. Note moyenne : 16,3

Niveau 4 cm

Belle robe pleine de nuances, tuilée mais profonde. Nez presque confituré, riche, peu nuancé, impression de terre et de miel au milieu d'une grande bassine de confiture... Très moelleux en bouche, suave, riche en alcool, mais il y a aussi une forte acidité qui le fait vivre. Pas un modèle de finesse, ni aromatique ni plastique, mais encore beaucoup de présence.

 

 

27. Margaux : Château Palmer 1959 (mise du château pour la maison Brossault et Cie)

DS16 - PC16 - LG14,5 - PR15,5 - MF16 - MS14. Note moyenne : 15,4

Niveau haute épaule

Grenat assez nettement bruni. Toujours un fruit très mûr, ici nettement marqué par l'évolution, vers des notes de vieux cuir, d'humus, de cave humide ; on décèle aussi des notes épicées et camphrées. Matière qui reste ferme, pleine, une saveur ample, fumée et épicée, une belle matière mais il semble que sa colonne vertébrale commence à se dissocier, finale plutôt abrupte.

 

 

 

Avec les Fromages de chez Xavier

 (Comté “Réserve”de 2005)

 

 

28. Côtes du Jura Vin Jaune : Domaine Lucien Clavelin et Fils 1959

DS17,5+ - PC18 - LG17 - PR18,5 - MF18+- MS17,5. Note moyenne : 17,8

Niveau 2 cm

Jaune d'or peu vieilli, aspect vif, sont-ce des reflets verts que je discerne ?! Nez extrêmement pur, limpide, on comprend tout d'emblée ; gras de jambon, noix fraîche, foin, fleurs des champs : le savagnin dans ce qu'il a de plus délicat et subtil, on pense à Château-Chalon. Bouche parfaitement cohérente avec le nez, pleine mais aérienne, sapide, sans oxydation violente ; magnifique finale sur le jaune d'oeuf frais, comme un grand chardonnay bourguignon.

 

 

 

Avec les Fromages de chez Xavier

 (Ossau, Lusseau, Fourme d’Ambert, Fourme Valcinières)

 

 

29. Premières Côtes de Bordeaux : Château Malagar 1929

DS15,5 - PC16 - LG16 - PR16 - MF16,5 - MS17. Note moyenne : 16,2

Niveau très basse épaule/vidange

Robe de très vieux vin (ou de vin oxydé), ambré verdâtre (topaze brûlée ?), centre brun. Expression aromatique "piquante", non sans charme, évoquant un roquefort avancé, du cuir vieilli, du café, mais aussi à l'aération quelques vieilles confitures épicées, caramélisées... Belle liqueur en bouche ! De la présence, soutenue par une forte acidité volatile, de la cohérence, une très intéressante rémanence aromatique partagée entre l'orangette et le roquefort. Au-delà du souvenir historique (année de naissance de la dernière fille de François Mauriac, Claire), ce Malagar montre de forts intéressants vestiges.

 

 

30. Jurançon : Nicolas 1959

DS14,5 - PC(15) - LG15 - PR16 - MF14,5 - MS14,5. Note moyenne : 14,9

Niveau mi-épaule

Magnifique robe hésitant entre topaze et jaune fluo ! Nez assez austère, profond, notes (minérales ?) de camphre et d'iode sur un fond de sucre d'orge. Très sec en bouche, saveur austère mais propre, prenante, avec une forte amertume en finale. Personne n'a évoqué Jurançon, aromatiquement rien ne me rappelle le manseng... je pensais à un chenin du Layon...

 

 

31. Sauternes : Château Lafaurie-Peyraguey 1959

DS16,5 - PC16 - LG15 - PR15,5 - MF16,5 - MS16. Note moyenne : 15,9

Niveau bas goulot

Belle robe rousse. Nez assez discret, net, "classique" d'un Sauternes évolué, évocations de biscotte et d'encaustique... Richesse fondue en bouche, acidité en avant, relatif manque de moelleux, saveurs épurées de cire (encaustique) et de malt.

 

 

32. Sauternes : Château d'Yquem 1989

DS16,5 - PC16,5 - LG(16) - PR16+ - MF17 - MS16,5/17. Note moyenne : 16,5

Aspect jaune d'or, plein et vif. Nez puissant, capiteux, expressif et varié, qui globalement suggère davantage le passerillage que le botrytis : fruits confits, fruits secs, ananas, confiture d'abricot, miel, camomille... Des notes grillés et épicées évoquant la barrique sont encore présentes. Chaleureux dès le premier contact avec les muqueuses ; riche en liqueur et en saveur, long, large, mais d'un équilibre dominé par la chaleur alcoolique. Malgré sa générosité et sa puissance de constitution cet Yquem ne suscite pas l'adhésion générale.

 

Rappels :  

a. Sauternes - Château D'Yquem 1989 : 22/12/1999

Note : 17 vers 16,5

Robe brillante, qui semble beaucoup plus évoluée que celle du 90.

Nez intense et boisé sur le pain d'épices, l'ananas, la mangue, l'abricot. L'aération dégage des notes complémentaires de noix de coco, de vanille, de tabac blond, une fraîcheur légèrement mentholée. Au nez, le vin semble plus évolué et plus "pointu" que le 90. Le boisé y est moins marqué. D'autres senteurs percutantes et complexes de miel, de mandarine confite, d'abricot sec, avec des notes truffées et médicinales, ainsi qu'une acidité volatile perceptible.

Après une attaque franche, fougueuse et ample, la bouche est vive, tendue, très longue et plus grasse que celle du 88. Les saveurs sont complexes, puissantes, nettement botrytisées, peut-être moins fraîches et pures que celles du 90 : cire, marmelade d'orange, champignon, menthol, herbes sèches, abricot, anis, pétale de rose (notes orientales). Comme le laissait prévoir la robe, elle parait beaucoup plus évoluée que celle du 90 (champignon, herbe sèche - un peu à la manière des vins de Constance, note un dégustateur) et assez difficile à déguster. Elle est également moins équilibrée (chaleur alcooleuse en finale), moins racée et moins prometteuse. La longueur ne fait pas l'unanimité. Certains comptent 14 secondes, d'autres trouvent le vin un peu court (8 à 10 secondes). Rajoutons que le verre vide est moins intéressant.

b. Sauternes - Château D'Yquem 1989 : 5/12/06 (LG)

DS17,5/18 - LG18 - MS18 - BLG16 - PR17. Note moyenne : 17,4

Robe dorée, très nette. Nez superbe, encore peu complexe mais parfaitement pur, sans aucune scorie olfactive (volatile top prononcée, odeurs déviantes) : agrumes, abricot sec, praliné, …

Bouche possédant cette forme d’évidence de style qui signe les grands vins. Finesse, fraîcheur, pureté, longueur (la complexité viendra avec le temps) le rendent assez indépassable (sur ce millésime du moins). Contrairement aux productions proposées par la plupart des autres maisons, on en boirait à satiété.

c. Sauternes - Château d’Yquem 1989 (demi-bouteille) : 14/10/06 (LG) – 18/20

Un Yquem égal à lui-même, très élégant, qui commence à dévoiler des goûts d’agrumes, d’abricot sec, de praliné. Evocation de cointreau, de gentiane aussi. La bouche délivre un message serein, sans aucune lourdeur inutile, doté d’amers sublimes. Comme dans le cas de Krug 1988, nous avons ici un nectar souverain qui nous régale mais qui est bien trop jeune.

d. Sauternes : Château d’Yquem 1989 : 25/4/09 (LG)

DS16 - PC(16,5) - LG18. Note moyenne : 16,8

Cet Yquem 89 était un peu attendu au tournant suite à la dégustation peu concluante du 10 avril 2009 (voir ci-dessous dans les rappels). On entre ici en matière sur des notes fondues, fortement rôties : clémentine, orange, cire, miel (ou plutôt sirop d'érable), poivre, fruits secs, noix, caramel. L'ensemble, précocement évolué, prend un aspect baroque, clairement rancioté (on pourrait curieusement se croire dans la région de Rivesaltes), potentiellement déroutant (mais selon moi pas inélégant à défaut d'être véritablement représentatif d'un Yquem de 20 ans d'âge).

Le vin se présente ensuite sous une forme plus associée (moins bousculée car moins boisée, moins alcoolisée également) que dans le cas du vin bu le 10 avril 2009. Je la trouve puissante, fine, capiteuse (mais pas chaude, grâce à une acidité incisive secourable - noter que le vin est servi très frais), très persistante.

Les réserves de Pierre et Didier concernent une évolution anormalement rapide, un défaut de classicisme, un manque de complexité (et un rancio trop marqué) et enfin une finale chaude.

La polémique continue (confirmant bien que l'analyse sensorielle n'est pas une science exacte) ...

 

 

33. Sauternes : Château d'Yquem 1983

DS18 - PC18 - LG17,5 - PR18,5 - MF18,5 - MS18,5. Note moyenne : 18,2

Robe vieil or, éclatante. Nez très classique, très rôti,  ample, profond : évocation de marmelade d'orange, de crème fraîche et de fruits secs (y compris la cacahuète...). Matière portée par une grande acidité et de profonds amers (l'orange toujours...). Le vin montre une personnalité plus svelte, une liqueur moins exubérante qu'en d'autres occasions ; l'équilibre, la cohérence et le "classicisme" demeurent parfaits, a contrario du 1989 goûté ce soir.

 

Rappel : Sauternes - Château D'Yquem 1983

Note : 19 vers 19,5

Robe lumineuse, cristalline, de vieilles dorures lustrées, avec pour la première fois dans cette verticale des notes orangées, cuivrées.

Premier nez confit, perçant, d'une pureté et d'une intensité extrêmes. Suprême richesse à l'aération, qui ne serait rien sans la race, la retenue, tellement complexe et intégrée qu'il faut renoncer à individualiser les arômes, on pourrait parler d'un tourbillon d'épices, de fruits, de crème fraîche, de jaune d'œuf, de fruits secs (raisin, abricot), d'écorce d'orange, de crème brulée savoureuse.

L'attaque vive précède une bouche ample, qui allie merveilleusement puissance et finesse. Ce vin complet et complexe (une dominante d'écorce d'orange, notes d'armagnac) est un modèle d'équilibre, long et incroyablement gourmand. Il offre une bouche sublime, extrêmement concentrée, mais tenue, corsetée avec une indicible élégance, parfaitement intégrée, d'une tenue exemplaire. La langue est véritablement électrifiée par ce nectar. L'aplomb particulier de ce vin semble conféré par l'équilibre du sucre et de l'acidité, qui paraissent encore plus intimement liés que dans les autres millésimes. Un vin parfait, et donc difficile à décrire, l'émoi qu'il suscite chez le dégustateur occultant la raison d'être d'une vulgaire description organoleptique. C'est un vin transcendant !

 

 

 

Ombre et Lumière (Pâtisserie Caucal)

 

 

34. Maury : Domaines et Terroirs du Sud (Elevage 40 ans en fût) 1959

DS15 - PC14,5 - LG15 - PR15 - MF15 - MS15. Note moyenne : 15

Niveau parfait

Robe tuilée, brillante, beau dégradé de tonalité chaudes. Nez rancioté assez fin, exprimant encore aussi le fruit (pruneau, cerise...). Bouche austère, de bonne allonge et de saveur franche, encore vivante, mais de texture assez sèche et globalement dominée par l'alcool.

 

 

35. Cognac Grande Champagne : Hine "Triomphe" NM

DS16,5/17 - PC(Non noté) - LG16,5 - PR(absent) - MF16 - MS(Non noté). Note moyenne : 16,4

PC : pas pris de notes

 

 

 

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