DOMAINE ARENA

 

Visité le 11 Mai 2007

 

 

 

 

 

Présentation : formation et historique du Domaine

Antoine Arena est à la tête de ce domaine depuis 1980…

 

Depuis 2004, après une formation initiale au lycée agricole et quelques expériences diversifiées, les 2 fils, Jean-Baptiste et Antoine-Marie, sont revenus au domaine pour petit à petit préparer la relève.

Il faut dire qu’ayant toujours connu, dès leur plus jeune âge, le quotidien de la vigne, leur présence pourrait sembler naturelle.

Mais tous les enfants de vigneron ne font pas forcément ce choix…

Toujours est-il qu’ils tentent de faire aujourd’hui leur place et d’assumer une sensibilité différente.

 

La révolution n’est cependant pas à l’ordre du jour, le travail étant déjà remarquable : on peut juste deviner le souhait de privilégier davantage la finesse et la fraîcheur sur la richesse et la puissance.

 

Nature de l’encépagement et du sous-sol

La particularité de l’appellation Patrimonio est son sous-sol : sa nature argilo-calcaire est en effet unique sur l’île de Beauté.

Sur ce très beau terroir sont plantés :

 

A noter l’importance des vents forts qui balayent la région (sirocco).

 

 

Travail à la vigne : taille, travail des sols, traîtements, effeuillage, vendanges au vert

C’est la priorité des efforts du domaine.

L’obsession d’obtenir les raisins les plus sains et expressifs du terroir possible a fait adopter une démarche quasiment bio où le chimique n’aurait plus sa place, même en traîtement curratif.

Taille courte, enherbement depuis la fin des vendanges jusqu’ en mars, piochage en surface, effeuillage au besoin, vendanges au vert uniquement sur les vignes jeunes.

La plante finit par s’adapter parfaitement à son milieu naturel, aux sols pourtant pauvres, puisant ses forces profondément : elle finit par acquérir une capacité propre à s’auto-réguler.

 

Si la recherche d’une très forte maturité était assez systématique, la tendance actuelle est sur des vendanges un peu plus précoces pour privilégier la fraîcheur au détriment de la richesse.

Indépendamment de cela, il est important de noter les dates de plus en plus prématurées des vendanges qui ont gagné presque 1 mois en l’espace de 2 générations…

 

 

 

 

 

 

Nombre de grappes par cep, densité et rendement à l’hectare

La vigne a fini par s’auto-réguler, produisant une moyenne de 8 grappes par pied, pour un rendement de
40 hl/ha sur les côteaux et 50 hl/ha en plaine.

 

 

 

Philosophie de vinification

En rouge, la volonté actuelle semble être une diminution de l’extraction pour des vins plus fringants.

Les remontages sont moins systématiques : la technique du pigeage est de plus en plus privilégiée.

Pas de levurage.

Elevage en cuves bêton.

 

En blanc, à noter des pressurages longs, toujours aucun levurage et des fermentations malolactiques.

Elevage en cuves inox.

 

En Muscat, le mutage n’est pas systématique.

Il est en effet très intéressant de goûter au Muscat non muté, élevé en barrique de 220 l (vieille de 10 ans) dont l’objectif est une complexité plus affirmée, notamment sur des notes exotiques très variées.

A noter aussi un essai très intéressant sur un assemblage 2/3 Nielluccio et 1/3 Vermentino surmûri (23° potentiel), soulignant le dynamisme du domaine sur des voies différentes…

 

A propos du soufre, à noter que si le domaine n’est pas un partisan du sans soufre, il n’abuse pas non plus de son usage, cherchant un juste équilibre.

 

 

Que recherchez vous dans vos vins ?

En rouge, le domaine valorise la puissance et la souplesse des matières : les vins sont idéalement prêts à boire après 3 ou 4 années de patience.

En blanc, c’est le gras et la fraîcheur qui sont privilégiés, même si la richesse aromatique est une constante.

Pour le Muscat, la fraîcheur du fruit est l’objectif prioritaire : étonnemment, la richesse est, à mon sens, proportionnellement moins extravertie que pour les secs (en tout cas par rapport à ce qu’on pourrait attendre d’un Muscat), surtout en ce qui concerne la version mutée.

Si la complexité n’est en effet pas le fort de cette dernière, elle reste d’une franchise et d’une simplicité très agréables.

Le Muscat non muté joue sur un registre différent : plus complexe, sur une palette aromatique large, exotique, il est indéniablement plus ambitieux.

 

Petit aparté sur le terroir Grotte di Sole.

L’exposition plein sud des vignes donne aux vins, blanc comme rouge, un côté exhubérant, solaire, moins tendus que sur les autres parcelles, avec la présence de sucres résiduels importants, principalement en rouge.

Si la fraîcheur est ici moins caractéristique, elle n’en est pas pour autant absente.

Mais ce style, davantage en largeur, partage fortement les avis…

Je n’en suis personnellement pas un adepte.

 

 

 

 

Quels millésimes retenez-vous en particulier ?

2002, parce que millésime dégueulasse !

2005, parce que joli millésime et quelques petites anecdotes pendant les vendanges (paraît-il qu’il y a eu de la bagarre…)

2006, parce que le millésime était carrément exceptionnel.

 

 

Quels conseils de service donneriez-vous ?

Pour les rouges, carafage préférable de 1 à 2 heures, puis service vers 16°.

Pour les blancs, carafage préférable de 30 minutes, puis service vers 10°.

 

Pas de souvenir précis d’association qui sortirait de l’ordinaire, si ce n’est une préférence pour le mariage du Muscat avec des bleus ou du blanc avec des fromages de chèvre corse.

 

 

Quels sont les vins que vous aimez ou aimeriez avoir dans votre cave personnelle ?

Réponse immédiate d’Antoine : « Si vous voulez, on y va de suite ».

Je n’ai pas osé…

Mais la préférence est ici évidente : pour le vin des copains, Senat, Richaud, Alary, la Soumade, Gauby, Barral…

 

 

Votre plus grand souvenir dans un verre…

Pour Jean-Baptiste, c’est une verticale de Bandol du domaine La Tour de Bon.

Pour Antoine, c’est un Batard Montrachet 78 (date de son anniversaire de mariage) de chez Ramonet, ouvert par un pote restaurateur.

 

 

A vos yeux, quels sont les hommes et les femmes qui comptent dans l’univers du vin ?

A vrai dire, chez les Arena, on n’a pas d’idées arrêtées sur la question.

L’échange est une valeur noble et en ce sens, l’ouverture vers les autres une vertu naturelle.

Encore une fois, les copains vignerons sont toujours très proches.

 

 

Ce qui vous énerve…

2 choses :

 

 

A refaire, vous serez vigneron ?

Oui.

 

Dégustation

 

 

Les robes des vins blancs secs sont toutes claires, paille aux reflets verts.

 

Bianco Gentile 2006 (goûté sur cuve)

Nez assez discret, frais, sur des notes florales, épicées, le pamplemousse.

Bouche fraîche (belle acidité), avec quelques amers qui tendent un vin sympathique et élégant.

 

Carco blanc 2006 (goûté sur cuve)

Expression classique du Vermentino corse, très parfumé, frais, assez gras, sur des notes florales, des plantes aromatiques, une pointe d’amertume intéressante.

 

Grotte di Sole blanc 2006 (goûté sur cuve)

Vin plus riche, plus aromatique encore, un peu plus rentre dedans, avec une expression pleine, plus en largeur que les cuvées précédentes.

Jolies notes épicées et tranchantes qui relèvent un vin qui ne sombre pas complètement dans le profil solaire.

 

Bianco Gentile 2005 (goûté sur cuve)

L’évolution par rapport au 2006 est nette : plus beurré, plus gras, il s’exprime sur un registre floral plus affirmé et une impression aromatique qui m’évoque bizarrement des caractéristiques champenoises …

 

Morta Maïo 2006 (goûté sur cuve)

3ème vinification pour ces jeunes vignes de 6 ans.

Robe très sombre, quasiment noire.

Véritable bouquet de fruits rouges et noirs, hyper aromatique, très franc, frais, immédiatement accessible et sympathique.

Une vraie gourmandise fruitée, cependant non dénuée de puissance, caractéristique du Nielluccio.

 

Carco rouge 2006 (goûté sur cuve)

Toujours cette robe sombre, noire, avec une frange violine.

Très belle cuvée, avec une trame tannique et acide de très belle qualité, une matière serrée, une belle palette aromatique sur la cerise noire, les fruits, le cuir.

Plus complexe, avec une belle garde prévisible, c’est un très joli vin.

 

Grotte di Sole rouge 2006 (goûté sur cuve)

Profil encore fermentaire, un peu soufré, sur un fruit compoté, riche, solaire, des sucres résiduels importants.

Sa fraîcheur me paraît moins évidente.

 

Grotte di Sole rouge 2004

Encore une grosse personnalité pour un vin à l’approche une fois de plus solaire, sucrée, suave, riche, ample, avec en plus un léger CO² moyennement apprécié, mais qui se ressaisit sur une finale épicée, très persistante.

Je reste moins sensible à ce profil.

 

Grotte di rouge Sole 2003

Le style m’évoque carrément un grenache noir de Rivesaltes, sur les fruits noirs à l’alcool, la figue, un profil surmûr extravagant, des sucres résiduels abondants, une richesse énorme, des tanins qui finissent sur les gencives.

Totalement atypique à mon sens.

Je préfère définitivement le terroir, la tension et la fraîcheur de Carco.

 

 

 

Muscat 2006 (mûté) (goûté sur cuve)

Robe claire, paille.

Vin étonnemment frais, raffiné, aérien, expression pure du raisin, avec des notes d’agrûme et de fleur distinguées.

Grande longueur pour un vin certes peu complexe, mais d’une sincérité et d’une digestibilité qui font plaisir.

 

Muscat 2005 (non mûté) (goûté sur fût)

Robe plus jaune.

Vin plus complexe, sur un profil exotique, avec la banane, les fruits de la passion, la coco, l’abricot, la résine.

Ample, riche, mais toujours élancé, une réussite indéniable.

 

Memoria 2003 (2/3 Nielluccio et 1/3 Vermentino surmûris) (goûté sur fût)

Robe assez claire, orange virant sur le café : superbe !

Magnifique complexité aromatique, la palette allant du pruneau, au café, au chocolat (style forêt noire), en passant par les fruits frais.

Aucune lourdeur, aucun profil solaire : le vin est très élégant.

Tout juste peut on lui reprocher une longueur un peu modeste.

 

 

 

Positionnement et Statistiques Gratuites