Club
toulousain In Vino Veritas
Verticale du Domaine Jean-Louis
Chave
Hermitage blanc 2004 - 1981
La dégustation, préparée par Didier Sanchez, a été répartie en 2 séances.
La première est commentée par Pierre Citerne pour l’après-midi et Laurent Gibet pour le soir (2004-1993)
La seconde, faite en une
seule séance, est commentée par Pierre Citerne (1992-1981).
Quelques commentaires de contexte :
La première
dégustation s’est déroulée en deux phases : l’après-midi puis le soir avec la
même bouteille. Didier Sanchez a participé aux deux séances.
Comme
d'habitude certains vins ne se révèlent que le soir en raison de l'influence
d'une aération de 5 heures. Les notes de Didier Sanchez (DS AM et DS SOIR) sont le reflet de ces variations.
Le compte
rendu porte sur les deux séances afin de montrer aux lecteurs les différences
entre 2 dégustations espacées de 5 heures.
La seconde
dégustation s’est déroulée en une seule phase : les millésimes goûtés
présentant un certain âge, l’aération pouvait en effet s’avérer risquée.
Les vins ne
sont pas dégustés à l'aveugle.
DS : Didier Sanchez - PC : Pierre Citerne - LG : Laurent Gibet - MS : Miguel Sennoun - PR : Philippe Ricard - CD : Christian Declume.
1ère partie :
2004 - 1993
Jeudi 10 Mai 2007
Ordre de dégustation
(Nombre de dégustateurs : 11)
1. Domaine Chave Hermitage
blanc 2004 :
DS AM16,5 - DS SOIR17,5 - PC16,5/17 - LG17+ -
MS17.
Note moyenne AM : 16,6 et SOIR : 17,2 -
Prix : 110 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Aspect très gras ─ ce sera une constante pendant toute la
dégustation ─, teinte déjà dorée.
- Nez profond et pur, encore sur l'élevage, évoquant l'amande douce.
- Dès l'attaque, on est saisi par la texture ample, glycérinée de ce
premier vin ; son velouté est à la hauteur de sa puissance alcoolique
(14,5° annoncés), d'où un équilibre sui generis mais souverain.
Grande saveur rhodanienne de pêche jaune, de réglisse blanche, de
guimauve… amertume très racée en finale.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Robe
dorée.
- Nez
profond, crémeux faisant tournoyer des fragrances encore peu diverses mais
sûres de yaourt au citron, de crème pâtissière, d'anis, de poivre.
- Bouche
grasse, visqueuse, qui reste équilibrée car fine et suffisamment acide.
Parfumée, épicée, feutrée, sa « force tranquille » emplit la bouche et
bénéficie d'un prolongement conséquent, sans aucun avachissement.
Une entrée en matière tonitruante dans cette série qui sera
menée tambour battant, avec un premier vin qui n'exprime bien entendu pas
encore tout son potentiel.
Un vin qui d'une certaine manière va donner le « la » de
cette formidable série.
2. Domaine Chave Hermitage
blanc 2003 :
DS AM16 - DS SOIR16 - PC16+ - LG15,5 - MS15,5 .
Note moyenne AM : 16 et SOIR : 15,7 -
Prix : 145 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Très belle robe or profond,
d'une viscosité impressionnante.
- Nez chatoyant, marquée par des
notes lactiques (beurre, caramel mou…), évoquant aussi l'ananas confit, le
touron (miel et amande grillée)…
- On retrouve ce caractère
lactique en bouche, énormément de gras, peu de vivacité, une concentration
énorme, qui donne au vin une sapidité presque saline (présence minérale,
camphrée). Ce millésime caniculaire m'évoque certaines marsannes
passerillées produites par la maison Chapoutier dans les années 80 (la cuvée "Velours") ; il parvient à conserver une réelle harmonie malgré sa
puissance alcoolique et sa relative mollesse, grâce à son allonge et à sa
constitution. Il sera intéressant d'en suivre l'évolution.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Robe
dorée, plus fluo que celle du 2004.
- On
retrouve bien dans ce vin l'impact caractéristique du millésime.
L'expression aromatique est plus refermée, entêtante pour autant : elle
allie des senteurs débridées de citron confit, de poire au sirop, de
menthe poivrée, d'épices variées, de guimauve, de nougat.
- L'expression
gustative est elle nettement plus languide, lascive pour une structure
encore plus huileuse (et moins fine) que celle du 2004, adipeuse mais sans
mollesse excessive. Un exercice de style ne masquant les conséquences du
climat, dont les flaveurs spiritueuses rappellent celles d'une eau de vie.
La persistance est trompeuse car elle se joue principalement sur la
sensation alcoolique (les 15° d'alcool annoncés semblent en dessous de la
réalité) avec une finale sur le gingembre qui titille joliment la langue.
3. Domaine Chave Hermitage
blanc 2002 :
DS AM16,5 - DS SOIR15 - PC16 - LG15 - MS14,5.
Note moyenne AM : 16,3 et SOIR : 14,8 -
Prix : 110 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Teinte
jaune citron, un peu plus claire que les précédentes.
- Expression
aromatique plutôt discrète, beurrée, biscuitée (élevage présent : le fond
de verre reste grillé et épicé), déjà un peu évoluée (fruits confits et
anis).
- Bonne
vivacité en bouche ; la matière se montre assez mince
(proportionnellement, le gras de la marsanne étant quand même bien
présent); les saveurs anisées et confites sont intéressantes mais
l'ensemble, quoique satisfaisant dans le contexte d'un millésime délicat,
manque d'ampleur et d'éclat.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Robe
jaune intense.
- Nez
avec une pointe de réduction, plus végétal (fougère), fruité (fruits
blancs, citron confit), nougat au miel.
- Bouche
possédant une belle acidité mais un élan modéré. Les flaveurs de fenouil
et de réglisse éloignent de la Bourgogne (à laquelle on a pu un temps
penser). Relative déception pour une finale en rupture, trop expéditive.
4. Domaine Chave Hermitage
blanc 2001 :
DS AM17,5 - DS SOIR18 - PC17/17,5 - LG18 - MS18.
Note moyenne AM : 17,3 et SOIR : 18 -
Prix : 110 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Présentation
majestueuse : vieil or, viscosité tapissant les parois du verre.
- Mesuré,
discret au premier contact, beaucoup plus jeune que celui du 2002, le nez
libère crescendo un fruit souverainement net et profond (abricot, amande,
miel…), se complexifiant sensiblement à l'aération.
- Complexité
et finesse en bouche aussi, malgré une puissance, une opulence
impressionnante.
Ce vin
possède tous les atouts pour évoluer vers un classicisme accompli.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Robe d’un jaune
intense.
- Cortège d’odeurs
particulièrement alléchantes pour un inventaire complexe, profond,
excitant : pain grillé, miel, corbeille de fruits (mirabelle, pomme,
poire, zestes d’orange), pain d’épices, minéral, anis, calament et même
rhum.
- L’ensemble est déjà
joliment fondu, délectable, de grand caractère et très prégnant. Si la
finale était dotée d’un petit supplément de punch (mais on a déjà le
rhum), le vin serait prodigieux.
5. Domaine Chave Hermitage
blanc 2000 :
DS AM15,5 - DS SOIR16,5 - PC15 - LG16,5 - MS16,5.
Note moyenne AM : 15,3 et SOIR : 16,5 -
Prix : 102 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- La robe se fait un peu plus discrète
- Le nez prend des inflexions plus évoluées, confites, anisées et
camphrées, proches de celles du 2002.
- Attaque vive, milieu de bouche agréablement rond mais assez frais,
saveur classique de nougat et de fruits confits; d'un style (relativement)
svelte, ce vin manque d'ampleur et de rémanence en regard des grands
succès de la cuvée (notons à sa décharge qu'il est escorté par deux
géants, 2001 et 1999). Il me semble que l'acidité ressort d'une manière un
peu trop pointue en finale, nuisant à l'harmonie d'ensemble.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- L’olfaction
est ici plus simple. Elle aligne des senteurs de jaune d’œuf, de beurre,
de paille, de champignons, d’amande, d’oseille, de cire.
- L’expression
est charnue mais moins complète que celle du 2001 (qui s’avère plus racé
en termes de finesse et de complexité).
7. Pirate : Domaine
des Remizières «Cuvée Emilie» 2000 :
DS AM16,5 - DS SOIR15,5 - PC17,5 - LG15 - MS15.
Note moyenne AM : 17 et SOIR : 15,2 -
Prix : 35 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Robe très vive, jaune fluo, moins grasse que celles des vins de
Chave, quelques particules en suspension.
- Nez très différent également, aromatique, direct, frais (herbacé ?),
il pourrait évoquer le viognier (ou même la syrah !) et développe un
discours très rhodanien : réglisse, guimauve, lard fumé, cigare…
- Bouche d'une belle densité, fraîche, avec une minéralité, une
tension plus évidentes que dans les vins de Chave, même si la matière se
montre nettement moins opulente et veloutée.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Nez légèrement
réduit dégageant des senteurs de jaune d’œuf, de citron, de végétal. Placé
à l’aveugle dans la série des blancs de Chave, il peut évoquer un
chardonnay de la Côte de Beaune.
- L’expression est
très correcte mais bien moins sophistiquée. Elle est moins expansive
également, avec une acidité marquée et un taux d’alcool qui semble plus «
nordiste ».
6. Domaine Chave Hermitage
blanc 1999 :
DS AM17,5 - DS SOIR17,5/18 - PC17,5 - LG18 - MS18
.
Note moyenne AM : 17,5 et SOIR : 17,9 -
Prix : 102 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Robe dans la lignée des 2003, 2001 : auguste.
- Nez profond, peu évolué malgré une pointe de cire et d'anis, proche
du 2001 ; un fruit encore très présent, opulent, souligné de notes riches
et pures de miel, de calisson, de sablé au beurre…
- C'est aussi le fruit qui domine en bouche (et donc une sensation de gourmandise,
d'autant plus remarquable que les proportions du vin ─ gras, alcool,
extrait ─ sont impressionnantes), un fruit évoquant la pêche jaune,
l'abricot, la mirabelle… Merveilleux mariage du velours, de la puissance
et de la subtilité.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Senteurs
habituelles de citron confit, de raisin de corinthe, d'anis, d'épices, de
pâte d'amande, de miel de châtaignier, de pomme cuite, de beurre et un peu
de fumée.
- Bouche
complète, à la fois riche et tonique, roborative et nerveuse, fine et
longue. Pure, peut-être un brin moins élancée en l'état que le 2001.
8. Pirate : Domaine
Sorrel «Les Rocoules» 1999 :
DS AM17,5 - DS SOIR17,5 - PC17 - LG17 - MS18 .
Note moyenne AM : 17,3 et SOIR : 17,5 -
Prix : 35 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Robe encore assez pâle mais d'une grande viscosité.
- Expression aromatique puissante, "sauvage", mentholée,
anisée, terpénique, presque pharmaceutique (j'y trouve tour à tour des
évocations de miel de sapin, de pastille Valda, de Fernet Branca…).
- Matière très sérieuse, d'une grande amplitude et d'une profondeur de
texture égale à celle du vin de Chave, l'allonge n'est pas en reste ; elle
offre par son caractère posé et construit un contraste saisissant avec les
arômes débridés présents en bouche comme au nez.
Un point de comparaison stylistique tout à fait intéressant au milieu de
cette verticale, tout comme l'interprétation de l'Hermitage blanc du domaine
des Remizières.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Nez remarquable
pourvoyant des notes de craie (qui peuvent à l’aveugle orienter vers
Chablis), de miel de montagne, de croûte de fromage et une tripotée
d’épices (dont de la badiane).
- En bouche, le
registre plus aigu est différent de celui de blanc 1999 de Chave
(nettement plus trapu). On trouve de la sveltesse, de l’exigence, beaucoup
de finesse et une grande persistance.
A noter
que la richesse du millésime permet un vin pour le coup pas trop austère (le
fameux style janséniste des vins de cette maison).
==> Rappel : au domaine en
novembre 2000 (cr par Pierre Citerne)
Hermitage Blanc Sorrel 1999. Notes : DS14,5 –
PC14,5 – LG15 – PP15. Moyenne : 14,5/15.
- Couleur vieil or dense.
- Nez réservé mais intense,
parfum de miel et d'amande.
- Gras, équilibré et droit en
bouche, finit sur une pointe d'amertume austère.
Hermitage Blanc Sorrel
"Les Rocoules" 1999. Notes : DS15,5/16 – PC16 – LG15,5 –
PP15,5. Moyenne : 15,5/16.
- Robe très visqueuse.
- Nez très puissant sans être
démonstratif, miellé, épicé, on devine une complexité naissante.
- Beaucoup de gras et de miel
en bouche, de droiture aussi, très belle longueur.
9. Domaine Chave Hermitage
blanc 1998 :
DS AM16,5 - DS SOIR17/17,5 - PC16,5/17 - LG18,5 -
MS17,5.
Note moyenne AM : 16,6 et SOIR : 17,8 -
Prix : 102 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Robe "classique", dorée sans exagération.
- Beau nez distingué, frais, typé, finement nuancé de poire confite,
de calisson, d'épices douces…
- Ce caractère raffiné et précis se retrouve en bouche ; tout est là,
ampleur, fraîcheur, suavité, sapidité, avec mesure et même une certaine
retenue.
Ce n'est pas le millésime le plus puissant, ni le plus extraverti, mais
certainement l'un des plus élégants.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- On
se réjouit ici d’un éventail d’exhalaisons remarquable : ananas victoria,
poire au sirop, pomme, zestes d’orange, épices nombreuses, et bien sûr ici
encore guimauve, anis, réglisse.
- Matière
généreuse et fruitée, vraiment soyeuse, typée, pure, subtilement minérale,
dotée mais nullement lourde, avec beaucoup d’aura. Tous les paramètres
d’un grand vin sont présents (équilibre, longueur, complexité, rémanence).
10. Domaine Chave
Hermitage blanc 1997 :
DS AM16 - DS SOIR15,5 - PC16,5 - LG15,5 - MS15,5.
Note moyenne AM : 16,3 et SOIR : 15,5 -
Prix : 99 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Teinte soutenue, Suze ou Avèze ?
- Nez lactique et rôti (fruits secs grillés), évoquant la surmaturité
du 2003 ; on peut aussi discerner des notes anisées, fumées et même une
certaine animalité…
- Texture de liquoreux, très grand velours, léger manque de tension
(de direction, d'évidence ?) : je lui trouve décidément beaucoup de points
communs avec le 2003… L'expression aromatique est encore assez peu
évoluée, la finale longue et plutôt tonique ; on peut donc fonder quelques
espoirs sur l'évolution ultérieure de ce vin très riche.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- On
trouve ici encore au-delà d’une une pointe de réduction (pétard à mèche),
un nez superbe de fraîcheur et de complexité conférée par l’âge. S’y
côtoient des odeurs de citron, de paille, de cire, d’ananas rôti.
- Le
vin, qui affirme une belle cohérence, n’a en revanche qu’une ampleur
moyenne et sa finale a tendance à s’époumoner. Il rappelle, par ses
restrictions, le 2002.
11. Domaine Chave
Hermitage blanc 1996 :
DS AM15,5 - DS SOIR14,5 - PC(15) - LG15 - MS15.
Note moyenne AM : 15,5 et SOIR : 14,8 -
Prix : 80 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Robe dorée, dans la moyenne.
- Le nez est évolué, évoquant le nougat, le café, le fumé ; évolution
soulignée par une nette senteur alliacée.
- La matière, d'un volume satisfaisant, est innervée par une acidité
présente, typique du millésime mais tranchante dans la typologie de
l'Hermitage blanc ; cette fraîcheur bienvenue souligne malheureusement une
saveur manquant d'éclat et de netteté (caractère iodé : fraîchin, moule
crue !).
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Nez
somptueux, avec un début d'oxydation qui n'est pas discuté par les
dégustateurs présents (mais qui augmente au contraire le caractère).
Minéral (crayeux), il conjugue des senteurs de citron, de paille, de pomme
(évocation de calvados), d'iode.
- La
bouche, relativement pauvre, déçoit quelque peu avec son acidité en avant.
On sent que le fond est là mais, comparé aux autres vins de la série, il
paraît frustrant, plus rachitique, plus haut perché également.
Ici encore, l'expression peut faire penser à la Bourgogne,
mais avec des accents sudistes et un profil assez capiteux.
12. Domaine Chave
Hermitage blanc 1995 :
DS AM18 - DS SOIR18,5/19 - PC18 - LG19 - MS19 .
Note moyenne AM : 18 et SOIR : 18,9 -
Prix : 95 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Grande robe visqueuse, d'un or tendant vers le fluo…
- Nez superbe, d'emblée, dès l'ouverture : fruit très pur, souligné de
notes toniques de poivre vert ou de gentiane.
- On reconnaît tout aussi rapidement la matière comme l'une des plus
abouties, des plus amples et profondes ; l'équilibre est parfait, la
saveur pure et pénétrante (la réglisse, la guimauve, le miel, une pointe
camphrée).
Grand vin, complet, souverain.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Impeccable
collection de senteurs, muscatée, kaléidoscopique : panier de fruits
frais (mirabelle, pêche, abricot, ananas, banane), rose, menthol, craie,
réglisse, champignon. L’ensemble est très frais, très jeune, captivant de
par son charme impitoyable. On y trouve une forme de démesure fruitée
transparente qui peut évoquer une VT alsacienne ainsi qu’une sensualité
racée qui rappelle un grand Condrieu. Un vin de jouvence, avec une
préservation de fruit assez insensée.
- Bouche
exigeante et facile, sapide, très digeste, avec dans son sillage un
formidable écho fruité.
Soulignons que ce vin surprenant possède une tenue à l’air
digne de celle de plus grands blancs français.
13. Domaine Chave
Hermitage blanc 1994 :
DS AM14,5 - DS SOIR13 - PC14/14,5 - LG13 -
MS13,5.
Note moyenne AM : 14,5 et SOIR : 13,1 -
Prix : 85 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- L'intensité de la robe n'est que moyenne.
- Au nez première impression peu nette, des notes iodées, moisies qui
se surimposent au fruit déjà bien évolué en lui-même (café, alliacés…) ;
heureusement l'aération tend à épurer cette expression aromatique peu
avenante.
- Matière assez légère, manquant d'éclat mais d'ampleur correcte,
l'alcool ressort en fin de bouche : on reste sur sa faim.
Le
soir (Laurent Gibet) :
On tombe en chute libre avec ce millésime plus difficile.
- Il
y a un peu d’ingratitude dans cette réduction sensible qui couvre un
spectre aromatique bien étroit : végétal, citron, miel.
- Le
vin est balbutiant, étriqué. Il souffre de fadeur, pire de faux goûts et
ne bénéficie d’aucune résilience en finale.
14. Domaine Chave
Hermitage blanc 1993 :
DS AM16 - DS SOIR14,5 - PC16 - LG14 - MS14.
Note moyenne AM : 16 et SOIR : 14,2 -
Prix : 70 €
L’après-midi (Pierre Citerne) :
- Des reflets vieil or dans cette robe plutôt discrète.
- Nez expressif, offert, intéressant, commençant à s'oxyder quelque
peu (pomme cuite), très épicé (cannelle, safran, œillet d'Inde…).
- Bouche suave, de corpulence moyenne mais articulée, offrant une
belle netteté de saveur, finale un peu fragile sur des amers soutenus de
quinquina et de café.
Le
soir (Laurent Gibet) :
- Notes
de baba au rhum, d’ananas, d’eau de vie de prune, d’anis, de réglisse.
Relativement simple également, mais avec plus de netteté que dans le cas
du 1994.
- Bouche
difficile à situer (certains avancent un chenin), limitée, un peu
efflanquée (l’acidité a tendance à s’y imposer). Pointe amère en finale
pour un vin qui n’a semble-t-il pas profité d’une maturité des baies
suffisante.
==>
Rappel - Vins dégustés au domaine en novembre 2000 (Rocoules, Péleat,
l’Hermite et Maison Blanche)
Hermitage
blanc 1999 (en cuves de pré-assemblage). Estimation de la note
finale : 17.
Pré-assemblage
n°1 : Notes : DS17/17,5 – PC17/17,5 – LG17/17,5 – PP17/17,5.
Moyenne : 17/17,5.
- Précision
et profondeur aromatique au nez, notes pures d'abricot et de vanille.
- Matière
à la fois très grasse et très fraîche, superbe précision des arômes,
grande longueur.
Pré-assemblage
n°2 : Notes : DS16,5/17 – PC16/17 – LG16,5 – PP16,5. Moyenne :
16,5/17.
- Encore
plus riche et miellé que le précédent au nez, très profond, avec des notes
de fleurs blanches lourdes.
- Matière
extrêmement riche, avec une pointe de mollesse par rapport au précédent,
saveurs miellées et florales très prenantes.
==>
Rappel - Vin dégusté au domaine en novembre 2000 :
Hermitage
blanc 1998. Notes : DS16 – PC16 – LG16,5 – PP16,5. Moyenne : 16/16,5.
- Nez
intense, puissant fond abricoté, mais peu volubile (mise en bouteille
récente).
- Très
gras en bouche, parfaitement équilibré, mais assez muet aromatiquement,
peu expressif à ce stade.
==>
Rappel : Hermitage – Chave – Blanc 1996 dégusté
le 9 février 2005 : PP16,5 – LG16,5+.
Moyenne : 16,5
- Ici aussi, c’est l’opulence qui nous
accueille, se traduisant par des notes chaudes, grasses, corsées :
vanille, fruits blancs, anis, iode, guimauve (la marsanne chuchote sa
présence ?).
- Matière fort riche, à la finale un peu amère
(pas encore tout à fait en place). Sensuelle, elle s’exprime avec moins de
réticence que celle du Meursault après une bonne aération mais aussi avec
tellement moins d’expressivité que celle du Riesling (cépage expansif et
vin d’âge mûr).
==>
Rappel - Hermitage blanc - Jean-Louis Chave 1994 dégusté
en mai 2003 : DS15,5 - PP15,5 –
PC15/15,5 - LG15 – VM15. Note moyenne : 15,5 - Prix : 83 €
- Nez intense, alliant des senteurs de
vanille, d'épices, de beurre, de menthe. Notes additionnelles acidulées de
fruits exotiques (goyave, mangoustan).
- Bouche chaleureuse, grasse, elle aussi un
peu sur la réserve. Les notes d'agrumes mentholés et le caractère un peu
alangui peuvent faire pencher pour un assemblage marsanne/roussanne
(dominé par la marsanne). Certains dégustateurs pensent à un vin étranger.
Conclusion par Laurent
- Cette verticale est d'un très haut niveau.
- Le parcours est réjouissant, jamais lassant (alors que
nous avons affaire à des vins copieux, assurément très démonstratifs) :
- les robes sont intenses.
- les ensembles aromatiques sont typés, avec une idéale signature
sudiste (générosité aromatique, épices, chaleur alcoolique relative).
- les expressions sont (à quelques exceptions près excusables)
parfumées, charnelles, pleines (larges et longues), racées.
- les textures sont différentes, signées mais distinctes dans le
cadre d'une oscillation autour d'un haut niveau qualitatif d'ensemble.
- Les vins sont à proposer à table, après carafage, avec
des plats riches (comme par exemple du homard à la citronnelle et à la
cardamome).
- Le domaine confirme sa capacité à produire des vins de
garde de grand caractère qui peuvent prétendre rivaliser avec les meilleurs
vins blancs bourguignons ou alsaciens.
2ème partie :
1992 - 1981
Jeudi 26 avril 2007
Ordre de dégustation
(Nombre de dégustateurs : 12)
1. Domaine Chave Hermitage
blanc 1992 :
DS14,5 - PC15 - LG15 - PR15,5 – MS15 - CD15,5.
Note moyenne : 15,9 - Prix : 99 €
Doré franc, aspect gras étonnant, on s'y habituera. Nez évolué, plaisant
mais manquant de fraîcheur, de définition, nettement anisé, camphré et alliacé,
biscuité aussi. Attaque vive, bonne ampleur en milieu de bouche, finale courte,
abrupte ; la relative jeunesse de la matière contraste avec une gamme
aromatique tertiaire (poireau, cire, cuir, cigare froid…).
2. Domaine Chave Hermitage
blanc 1991 :
DS17,5 - PC17 - LG16 - PR17 – MS17 - CD16,5.
Note moyenne : 16,8 - Prix : 95 €
- Doré soutenu, très gras.
- Nez s'exprimant avec davantage de netteté et de profondeur que le
précédent, mais dans le même registre biscuité, camphré et alliacé,
heureusement relevé de notes mielleuses (cire, nougat).
- Bouche cohérente de bout en bout, dynamique, complète, à la fois
grasse et (surtout) vive. Longue finale porteuse de riches saveurs de
jaune d'œuf et de nougat.
3. Pirate : Domaine
Sorrel «Les Rocoules» 1991 :
DS16,5 - PC16,5/17 - LG16 - PR16,5 – MS16,5 -
CD16.
Note moyenne : 16,4 - Prix : 38 €
- Robe assez pâle, encore animée de reflets verts, mais très grasse.
- Nez fortement mentholé, presque brutal, sans la civilité ni la
rondeur aromatique des vins de Chave mais d'une puissance et d'une
profondeur certaines ; on peut sentir l'eucalyptus, la bergamote, le
beurre un peu rance, le jaune d'œuf…
- Matière très sèche, grasse, fraîche, peu amène, austère, mais
possédant beaucoup d'aplomb et une fermeté minérale impressionnante.
4. Domaine Chave Hermitage
blanc 1990 :
DS17 - PC17,5/18 - LG17,5 - PR17 – MS18 - CD17,5.
Note moyenne : 17,5 - Prix : 95 €
- Robe riche et visqueuse, qui pourrait passer pour de la Suze…
- Grand nez où le raisin manifeste immédiatement sa présence fruitée,
enrobant avec bonheur de senteurs de mirabelle et de poire mûre le cortège
aromatique évolutif de la marsanne (cire, nougat, camphre, anis…), que
l'on retrouvera ce soir sans grande variation dans tous les vins.
- Très gras, présent, ample en bouche, l'acidité contrebalance une
chair étoffée, très pleine, lui conservant un certain allant ; la fin de
bouche semble se relâcher quelque peu, le vin nous quitte chaleureux et
alangui.
5. Domaine Chave Hermitage
blanc 1989 :
DS17 - PC17,5 - LG17 - PR17 – MS17,5 - CD16,5.
Note moyenne : 17,1 - Prix : 80 €
Belle robe visqueuse, jeune d'allure.
- Nez fin, expressif (belle suggestion de nougat), nuancé (notes
camphrées, balsamiques et terpéniques, lavande, romarin, résine de pin…),
profond, où une pointe d'oxydation commence à se manifester (fruits secs).
- La matière est à la hauteur de l'expression aromatique, pleine,
sereine, soulignée par une amertume distinguée. Un peu plus vif que le
1990, un peu plus gras que le 1991, ce 1989 offre finalement une très
jolie synthèse des deux.
6. Domaine Chave Hermitage
blanc 1988 :
DS16 - PC17 - LG16 - PR16,5 – MS16 - CD16,5.
Note moyenne : 16,3 - Prix : 81 €
- Encore une très belle robe, imposante par sa teinte et sa viscosité.
- Le nez présente, en sus des habituelles notes
biscuitées/miellées/cireuses/terpéniques, un caractère lactique affirmé
(lait caillé).
- La matière se montre vive, fraîche, elle conserve l'ample toucher
tapissant des trois beaux millésimes précédents, mais s'exprime de façon
plus percutante, plus abrupte peut-être.
Certains dégustateurs auraient envie d'expliquer ce profil différent par
un encépagement comportant plus de roussanne que de coutume.
7. Domaine Chave Hermitage
blanc 1987 :
DS15 - PC15 - LG16,5 - PR15,5 – MS15,5 - CD15,5.
Note moyenne : 15,5 - Prix : 78,50 €
- Nez évolué, assez
fourni mais d'une netteté et d'un agrément discutables, fumé et légèrement
herbacé, assez animal (vieux cuir…) et aussi un peu chloré…
- La densité est assez
surprenante, long et large le vin occupe bien la bouche ; la saveur
classique de nougat et de cire est suffisamment développée pour que
certains dégustateurs parviennent à passer outre les pointes salines et
iodées (pourriture ?) qui déparent l'ensemble.
8. Domaine Chave Hermitage
blanc 1986 :
DS15,5 - PC15,5 - LG14 - PR15 – MS14,5 - CD15.
Note moyenne : 14,9 - Prix : 75 €
- Expression aromatique linéaire mais nette, propre : dominante
anisée, complémentaires camphrée et terpénique, impression de rousquille
catalane…
- Frais, net, assez mince en bouche, linéaire aussi ; peu de
volubilité, peu de plaisir mais une franchise de saveur bien supérieure à
celle du 1987, finale tonique portée par l'acidité.
9. Domaine Chave Hermitage
blanc 1985 :
DS16 - PC16/16,5 - LG15,5 - PR16 – MS16 - CD15,5.
Note moyenne : 15,9 - Prix : 125 €
- Terpénique, camphré (romarin, lavande…), organique (jaune d'œuf,
poulailler), le nez est intense et profond, même s'il n'offre pas un
charme évident.
- Le fruit est bien présent en bouche (davantage qu'au nez), la
matière généreuse, encore vibrante, au gras ciselé par une acidité marquée
; saveur de brioche anisée et finale ferme.
10. Domaine Chave
Hermitage blanc 1984 :
DS14,5 - PC14,5 - LG14,5 - PR14 – MS15 - CD15,5.
Note moyenne : 14,7 - Prix : 110 €
- Nez de vin vieux, évoquant tout d'abord le café grillé et l'ail
germé, on perçoit ensuite, à l'aération, des notes de cire, de pomme
verte, de lait caillé…
- La bouche est tenue par une forte structure acide, un peu abrupte,
un peu dure, mais qui donne du relief et de la vie à une matière d'ampleur
honorable.
Encore un "petit" millésime ingambe, tout à fait gaillard pour
son âge.
11. Domaine Chave
Hermitage blanc 1983 :
DS17 - PC17 - LG16,5/17 - PR17 – MS16,5 - CD16.
Note moyenne : 16,7 - Prix : 105 €
- Bouquet complexe, opulent et surtout beaucoup plus jeune que
les quatre précédents, le fruit est de retour : pêche au sirop, abricot
sec…
- La bouche se montre plus sèche et tendue que le nez ne le laissait
présager ; présente et cohérente mais plutôt mince, sans trop de gras,
dominée par une acidité volontaire, elle offre une saveur plus fumée
(tabac, créosote) que fruitée, plus de cinglant que de moelleux…
12. Domaine Chave
Hermitage blanc 1982 :
DS16,5 - PC16 - LG17,5 - PR17,5 – MS17 - CD17.
Note moyenne : 16,9 - Prix : 78,50 €
- Teinte dorée très soutenue.
- Assez réduit au premier nez (notes animales et alliacées), le vin
exprime à l'aération un bouquet ample aux parfums de fruits confits et de
calisson, mais surtout très mentholé, dominé par des notes d'eucalyptus et
d'herbes sèches (suggestion de tisane, verveine, calament ?...).
- Plus de moelleux, de gras et plus d'alcool que dans les autres vins
des années 80, une structure acide discrète : on retrouve le caractère
plantureux des millésimes plus récents. Cette matière douce et corsée,
bien vivante, véhicule des saveurs nettement évoluées, toujours dominées
par l'aspect mentholé et une insistante pointe alliacée évoquant le
poireau.
13. Domaine Chave
Hermitage blanc 1981 :
DS14 – PC(13) - LG14,5 - PR13,5 – MS14,5 - CD14.
Note moyenne : 13,9 - Prix : 90 €
- C'est la première robe à présenter une nuance ambrée, orangée.
- Nez terpénique et camphré, moyennement net et dépourvu de fruit.
- Bouche sérieuse mais vraiment peu amène, très sèche, anguleuse
(acidité et alcool saillants), dépourvue de liant et de saveur assez
déplaisante (entre le carton humide et l'anis vert, tout près du liège…).
Conclusion
Première dégustation (2004-1993) homogène, de
haute qualité. La concordance des impressions entre les séances de l'après-midi
et du soir est assez remarquable.
Deuxième
dégustation (1992 à 1981) globalement de haut niveau mais moins enthousiasmante
que la première. Une certaine répétitivité des expressions, des arômes
d'évolution parfois peu amènes (résine, camphre, alliacés, anis…), font que
malgré la qualité des vins, leur longévité, leur sérieux, les matières
profondes et cohérentes, on a plus de mal à se laisser émouvoir lorsque le
plaisir pulpeux et immédiat du fruit a cédé sa place à des expressions plus
rassises… Quel que soit leur âge, il y a en tout cas un travail d'appariement à
table à envisager si l'on veut véritablement mettre ces vins en valeur.
La première
dégustation a soulevé l'enthousiasme des participants, ces hermitages blancs ne
sont pourtant pas faciles à appréhender dans leur jeunesse : gras, élevés,
impressionnants de corpulence, parfois mutiques, mais d'une harmonie et d'une
densité fruitée souvent extraordinaires.
L'équilibre
des millésimes plus anciens est différent : moins gras, moins capiteux, ils
présentent des structures acides plus marquées. Le changement se perçoit dès le
1991 et encore plus nettement à partir de 1988.
Évolution
des vins qui fait que nous les percevons plus minces et plus vifs lorsque ils
ont pris de l'âge ? Évolution des facteurs climatiques et des réponses du
matériel végétal ?
Recherche de
la part du producteur d'une maturité plus poussée, tri plus sévère ?
Conjonction
de plusieurs facteurs ?
Nous avions
noté lors de la première dégustation que les vins les plus complets, les plus
éblouissants, étaient ceux produits dans les grandes années de rouge (2001,
1999, 1995 ─ cf. verticale IVV Hermitage rouge du même domaine
2001-1978). D'une forme très élégante et plus retenue, 1998 peut rivaliser avec
ce trio ; 2004 est sans doute du même calibre ; 2003 et 1997 offrent beaucoup
de fond, un profil surmûri à l'opulence presque exagérée.
La seconde
dégustation n'infirme pas la tendance, 1990 et 1989 semblent être les vins les
plus complets, suivis par les très fins 1991 et 1988, les solides mais austères
1985 et 1983, et enfin l'opulent 1982 (plus réussi que le rouge 1982 ?) ; même
si les "petits" millésimes (87, 84…) se montrent tout à fait honorables,
péchant davantage par manque de netteté et d'agrément aromatique que par manque
de matière.
Notons enfin
l'excellente tenue des trois "pirates" ("Les Rocoules" 1999
et 1991 du domaine Sorrel, "Cuvée Émilie" du domaine de Remizières)
qui, dans des styles différents, illustrent eux aussi les grandes qualités des
blancs de l'Hermitage.