Repas-Dégustation chez Vincent Mercier.

Samedi 20 décembre 2008

 

 

 

 

La dégustation est commentée par Laurent Gibet.

 

 

Quelques commentaires de contexte :

Nous nous retrouvons chez Vincent Mercier à Langon pour une soirée repas-dégustation fort agréable.

Une dégustation montée par Vincent en collaboration avec Jean-Claude Deluc et Eric Bourdin.

Les vins sont dégustés par série avec présentation à l’aveugle.

Les verres utilisés sont les «Authentis n°1» de Spiegelau.

DS : Didier Sanchez – PC : Pierre Citerne – LG Laurent Gibet – Miguel Sennoun.

 

 

 

Ordre de dégustation

(Nombre total de dégustateurs : 10)

 

 

 

1. Champagne Herbert Beaufort Bouzy GC Extra Brut 1996

DS14,5 – PC(14) - LG(15) - MS15. Note moyenne : 14,6

Notes de fougère, de citron, de pêche, de fumée. Bouche fine, assez puissante, tout en nervosité, brute en effet. Malheureusement, le vin se dégrade à l’air et présente une amertume de plus en plus forte, virant au désagréable.

 

 

2. Champagne Fallet-Prévostat Extra-Brut (1978) 

DS16 - PC15,5 - LG15 - MS15. Note moyenne : 15,4

Millésime non revendiqué sur l’étiquette. Dégorgé en novembre 2008.

Récemment dégorgé. Nez curieux : huile d’olive, noisette, crème, fumée, menthe, craie, cumin, fruits exotiques, truffe blanche (un peu comme sur un petit manseng, à Jurançon). Idiosyncrasie donc, ici, avec une présentation aromatique à part, une effervescence elle orthodoxe, mais un goût un peu lourdingue (et une finale traînante, comme trop dosée).

 

 

3. Champagne Fallet-Prévostat Extra-Brut (1978) 

DS16,5 - PC15,5 - LG16,5 - MS16. Note moyenne : 16,1

Millésime non revendiqué sur l’étiquette. Dégorgé en novembre 2008.

Le fait que le vin soit proposé 2 fois n’est pas volontaire. D’emblée, j’y retrouve ce profil exotique et alliacé du vin précédent, complété par des senteurs d’agrumes (citron, orange) et de parmesan. Bouche crémeuse, encore jeune, plus harmonieuse que celle de la bouteille précédente. Du fond et de la douceur, avec en sus de beaux amers qui étirent le vin.

 

 

4. Joh. Jos. Christoffel Erben Ürziger Würztgarten Riesling Auslese ** 2003 (lot 9)

DS17 - PC17 - LG17,5/18 - MS17. Note moyenne : 17,2

La provenance se signale immédiatement par un nez aérien : menthe, citron vert, fumée, poire, melon frais. La bouche est de toute beauté, avec la richesse balancée d’un auslese en effet. Quel bonheur de retrouver ici un grand vin allemand, typé, diaphane, digeste, très gourmand, qui file joyeusement et sans obstacle dans les gosiers …

 

Rappels :

a. Joh. Jos. Christoffel Erben - Ürziger Würzgarten - Riesling Auslese *** 2003 (L11 - 7,5°) : voyage en Moselle - juillet 2004

LG16,5 – PP16,5

Nez prolixe, fruité, conjuguant des parfums de fleurs printanières, de menthol, de poire, de mirabelle, de tisane, d’agrumes, d’épices (cannelle, gingembre, poivre). Bouche tonique, doucement savoureuse, pleine de bagout, dans un style faussement facile, car acidité, minéralité et caractère aérien répondent bel et bien présents (malgré un millésime, on le répète, potentiellement handicapé par la chaleur).

b. Mosel-Saar-Ruwer - Joh. Jos. Christoffel Erben - Ürziger Würzgarten - Riesling Auslese ** 2003 (Lot 9/04 – 8°) : 16/2/05 (série de grands vins allemands)

JP? – PP16 - LG?

Probablement Goldkapsel.

Robe blanche.

Nez affreusement soufré, ne laissant place qu’à des senteurs occultées de mandarine et de melon confit.

En bouche, une maigre expression fruitée (vagues notes de citron vert), plate et bridée est soumise au régime de la camisole. On espère que le vin saura trouver un second souffle. Pascal lui devine une certaine viabilité (son fruit – pêche jaune, abricot - son élégance, sa longueur et sa droiture).

Dommage car l’Auslese *** bu durant l’été 2004 s’était révélé emballant (16,5/20, puissant, fruité, minéral, sans aucune pesanteur pour ce millésime de tous les dangers). 

 

 

5. Pinot Gris Zind-Humbrecht Rangen de Thann Clos St-Urbain 1996 

DS16,5 - PC16,5 - LG16,5 - MS16,5. Note moyenne : 16,5

Nez baroque et florissant, proposant des odeurs chatoyantes : tilleul, verveine, abricot, citron vert, truffe blanche, orange amère, coing, ananas, épices. On peut penser à un Jurançon (Joliette), à un Vouvray aussi.

Bouche de caractère, pure, au caractère assumé ; elle est en revanche saturée en arômes, avec cet alanguissement dont se rend souvent coupable le cépage.

 

 

6. Toni Jost Riesling Rauenthaler Steinmächer (Rheingau) Spätlese (lot 6) 1989

DS17,5 - PC17,5/18 - LG17 - MS17,5. Note moyenne : 17,4

Toni Jost est de fait un producteur du Mittelrhein. Ici encore, on déduit assez vite un Riesling allemand, hors Moselle (en raison de ce taux d’alcool très alsacien). Notes encore jeunes, pleines de vitalité, de citron givré, de citron vert, de menthe, d’infusions, de sauge, de craie. Bouche terpénique, minérale, fortifiante, fougueuse, parfaitement en place.

 

 

7. Chappaz PA Grain blanc Coteaux des Seilles des Claives 2005

DS14 - PC14,5 - LG14,5 - MS14. Note moyenne : 14,3

Expression résolument opulente pour ce vin helvète, subtilement poivrée, spiritueuse : poire (y compris sous forme d'eau de vie), pêche blanche, fleurs capiteuses, banane, abricot (on a là une proximité aromatique avec une marsanne ou un viognier). Bouche vraiment capiteuse (15°, minimum), légèrement saline. Originale mais on peut lui reprocher son adiposité un peu bourrative (j'avais eu une sensation similaire avec l'amigne de Vétroz 2006 de Romain Papilloud).

 

 

8. Chablis Dauvissat Les Clos 1998 :

DS18 - PC18 - LG18 - MS18. Note moyenne : 18

Très facile à trouver, avec ces odeurs de grand chardonnay, significatives, profondes : citron, vacherin, miel, fougère, champignons. Bouche rassurante, délicatement saline, tout en plénitude, séveuse, très persistante.

 

 

9. Corton-Charlemagne Marius Delarche 1989 :

DS12 - PC11 - LG12 - MS12,5. Note moyenne : 11,9

Approche olfactive inquiétante : zeste, nougat, cire, fenouil, café (on imagine un vin meurtri par un élevage disproportionné). Bouche dégradée, vague, déliquescente, peu agréable à boire.

 

 

10. Côtes du Roussillon Ferrer-Ribière Cana 1999

DS12 - PC12,5 - LG11 - MS12. Note moyenne : 11,9

Nez peu engageant, édulcoré, vraiment pas jojo : solvant, bourbon, fruit confituré. Allure échevelée : attaque et milieu de bouche lourds, sucrés pour une finale sèche.

 

 

11. Bandol Domaine de la Noblesse 1992 :

DS16 - PC15/15,5 - LG14,5 - MS16. Note moyenne : 15,3

Nez dispensant des notes de cerise, de cannelle, d’amande, de cuir, de graphite.  Matière fruitée mais avec un fond un peu dur, peu typée Mourvèdre, peu vieillie.

 

 

12. Mc Laren Vale – D’Arenberg – Dead Arm 2001

DS12 - PC12 - LG12 - MS12. Note moyenne : 12

Olfaction un poil repoussante, aux arômes cuits, comme factices : cassis, barbe à papa, eucalyptus, coca-cola. Bouche bizarre, agressive car trop acide, alcoolisée (ne pas oublier que le vin est aussi une boisson). Pensé en priorité Australie (car le cassis et l’eucalyptus sont marqués) ou Afrique du Sud ou bien encore Portugal (car ce profil est très « koala », mais avec une finale heurtée en raison d’une forte acidité). Un vrai bras cassé, en effet …

 

Rappel :

Mc Laren Vale – D’Arenberg – Dead Arm 2001 : 29/9/04

JP12,5 - PP12 – LG14 – 45 euros

Nez légèrement boisé, développant des senteurs de fruits, de réglisse, de minéral.

Bouche serrée, sanguine, réglissée, non dénuée de goûts typés de cassis mais qui manque d’harmonie en l’état. Je lui reproche moins son acidité et son amertume que d’autres.

 

 

13. Chambertin Rousseau 1993 

DS16,5+ - PC17 - LG16,5+ - MS17. Note moyenne : 16,8

Je pense à la Bourgogne en observant la belle robe de ce vin. Nez assez gracieux, avec quelques échos sensuels à Châteauneuf (figue, poivre, mélange d’épices) : fleurs, framboise, griotte, betterave rôtie au feu de bois, réglisse. Bouche bien constituée, terrienne, relativement carrée (les formes indurées consubstantielles du millésime), avec du maintien et de la réserve. Le profil gustatif reste lui plutôt strict (mais avec des arômes plus délivrés que dans le cas du Clos de Bèze 1993, le temps ayant fait son ouvrage depuis février 2005).

 

Rappel (sur le cru cousin) :

Chambertin Clos de Bèze – Domaine Armand Rousseau 1993 : 4/2/05

LG15+ - PP17

Le nez est fruité (myrtille, agrumes), profond (goudron), complexe (herbes aromatiques, fumée) et boisé (orange sanguine).

La bouche est elle aussi marquée par l’élevage. Ce dernier confère au vin un style lorgnant vers la Bourgogne moderne. Il apparaît encore, serré, viril et anguleux. Le fruit est pur, vivant et d’une grande maturité, l’équilibre est irréprochable. Très belle finale avec beaucoup d’allonge. A attendre en confiance même s’il n’arbore pas la profondeur du 1990 goûté en décembre 2003.

 

 

14. Rioja : Lopez de Heredia Viña Tondonia "Viña Bosconia Gran Reserva" 1981 

DS15 - PC16,5 - LG15 - MS15. Note moyenne : 15,4

Au nez, on trouve une certaine douceur épicée composée de senteurs de fraise, de cuir, de fumée, de fleurs, de minéral, d’amande, de piment d’Espelette. Bouche assez ferme, un peu chahutée (amère, elle tend à sécher légèrement).

Est-ce la proximité avec le vin précédent qui nous fait penser ici aussi à un pinot (il y aura aussi Barolo, en choix alternatif) ?

 

Rappel :

Rioja : Lopez de Heredia Viña Tondonia "Viña Bosconia Gran Reserva" 1981 – 14/12/07

75% Tempranillo,  15% Garnacha, 10% Mazuelo y Graciano - 12,5°

L’après-midi : DS15 - PR15 - CD15,5. Note moyenne AM : 15,2 (PR)

Robe, claire, bien brillante, assez fluide, d’une jolie teinte brique-orangé.

Emanations rhodaniennes d’un vieux Châteauneuf du Pape : animal, laurier, tapenade, orange, style élégant, classieux, relativement craquant !

On retrouve ce charme classique précédemment rencontré où la matière, délicate, svelte, voire un rien fluette, s’exprime dans un jus délicieux, aux arômes complexes et fragiles, soutenus par une trame acide persistante. Un vin nostalgique, toujours plaisant, parfaitement digeste.

Le soir : DS17 - PC17 - MS17. Note moyenne SOIR : 17 (PC)

Robe dépouillée. Le bouquet reste magnifiquement fruité et précis, complexe, fondu, tertiaire sans jamais paraître vétuste ; ses accents de fumée, de feuilles mortes, de griotte confite peuvent évoquer un Bourgogne ou un vieil Hermitage de chez Chave. Bouche fraîche, cohérente, appétente, à la structure longiligne et polie, alliant prestance et naturel. Une leçon de patience et un plaidoyer pour les élevages longs, tellement décriés par les "rénovateurs" de la Rioja.

 

 

15. Pessac-Léognan Haut-Bailly 1990 :

DS17,5 - PC17 - LG17,5 - MS18. Note moyenne : 17,5

Très beau nez médocain, racé : cassis, graphite ; cèdre, marinade, céleri, graphite, fumée. Bouche mûre (pensé pour ma part 1989), soyeuse, bien proportionnée, qui se déroule aussi sérieusement que paisiblement.

 

Rappel :

Pessac-Léognan Haut-Bailly 1990 : 15,5/20 – 11/3/06 (repas chez EF)

Senteurs réussies de Bordeaux ayant pris un peu d’âge : minéral, camphre léger, fumée, poivron, tabac, badiane. Bouche cohérente, irréprochable. Elle n’est pas inoubliable mais remplit son rôle.

 

 

16. Pauillac Lafite-Rothschild 1985 :

DS13 – PC(14) - LG12,5 - MS13,5. Note moyenne : 13,3

Nez pas très mûr, « poivronnant », un peu « métallique » : crayon noir, herbes aromatiques. Tannins de moindre qualité, classe en berne pour cette expression déroutante (pour le cru), anormalement borgne.  Souvenir du Margaux 1985 bu chez FBr en avril 2007, mieux mais pas totalement probant, indigne de son aura.

 

 

17. Amarone della Valpolicella Tedeschi Capitel Monte Olmi 2004 :

DS14 - PC16 - LG(15) - MS14,5. Note moyenne : 14,9

Explosivité de fruit, plus corvina passerillé que Porto : cerise, orange, rafle. Bouche démarrant avec une touche sucrée et finissant un peu dure (amertume, rafle), un peu comme si on avait affaire à un Ripasso (et ce côté « fort des Halles »). J’ai préféré l’harmonieux Amarone 2004 d’Allegrini (plus ciselé) goûté à Genève chez AB il y a quelques semaines. A revoir car Vincent nous déclare l’avoir bu brillant.

 

 

18. Barsac : Château Nairac 1996

DS16,5 - PC17,5 - LG15,5 - MS16,5. Note moyenne : 16,5

Nez safrané en diable : abricot, coing, cire, gentiane, marmelade d’oranges, caramel, coquille d’huître. Bouche très alerte, épicée, moyennement longue (et sans queue de paon). Fraîche, elle fait tout de même plus vieille que son âge (pensé 1978). Je lui reproche pour ma part un petit côté végétal (géranium ?, feuille de tomate froissée ?) et cette allure « le cul entre 2 chaises » en termes de taux de liqueur.

 

 

19. Tokaji Aszu Szepsy Istvan Szepsy 6 Puttonyos 2000 :

DS16 - PC16 - LG16 - MS16. Note moyenne : 16

Nez généreux : abricot, fruits exotiques (mangoustan, fruit de la passion), pêche, écorces d’agrumes, tilleul, jus de pruneau. Bouche acidulée, très fruitée, qui manque un peu de vibration pour emballer totalement. On a pu penser icewine canadien ou Beerenauslese mosellan.

 

Rappel :

Tokaji Aszu – Szepsy Istvan – Szepsy 6 Puttonyos 2000 : 11/5/06

JP15,5/16 – PP15,5 - LG16,5

Robe assez claire.

Signature directe, presque alsacienne (SGN) ou de riesling mosellan (eiswein) ou encore de muscat naturellement doux  : citron, angélique confite, pamplemousse, fumée.

Encore un style différent, pas trop concentré mais assez lumineux, alerte, cristallin, original ; une jolie amertume accompagne une belle finale fruitée.

 

 

20. Tenuta Sant’Antonio passito 2001 

DS15 - PC15 - LG15 - MS15. Note moyenne : 15

Un improbable chardonnay passerillé de Vénétie, original, qui fleure le coing, l’abricot, le caramel, la fumée, le thé earl grey, le thym. J’ai plutôt pensé à un muscat (Dindarello de Maculan ?) ou à du Vespaiola (Torcolato de Maculan, car l’Acininobili du même producteur possède un supplément de puissance). Une autre piste potentielle avec le cépage des Soave (comme dans le cas de la cuvée Renobilis de Gini). Une cuvée qui augmente encore un peu plus l’impressionnante palette des liquoreux transalpins.

 

 

21. Porto Graham’s 1985 

DS16 - PC15 - LG16,5 - MS16. Note moyenne : 15,9

Entrée en matière à la fois violente et douce, furieusement épicée et fruitée, induisant la tentation mais en même temps la prudence, très vintage lusitanien : fraise, framboise, guignolet, café, civette, genièvre. Bouche à l’avenant (j’entends passer le terme « vin de dragon » dans une assistance malmenée), utilement patinée par les ans, qui pour une fois me plait particulièrement (j’avais aussi beaucoup aimé la puissance savoureuse de Taylor 1985). Comme confirmé par Vincent qui a rebu le vin le lendemain, ce vin a besoin d’une longue décantation (d’ailleurs, la quantité de voltigeurs y est impressionnante).

 

 

22. Rhum Bally 1944 

DS14 - PC1* - LG14 - MS . Note moyenne : 1

On flaire ici des odeurs de rhum/raisin, de cassonade, de zeste, de banane flambée. Bouche sur ces goûts, qui manque un peu de gras pour réellement séduire. Hommage à l’âge de cette eau de vie transatlantique mais le message est essoufflé.

 

 

 

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